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aux Cosaques qui tenaient la campagne dans la Sibérie septentrionale et la région de l’Oussouri contre les Austro-Allemands associés aux Bolcheviks, et l’efficacité de l’intervention ne devait pas tarder à se manifester. Mais, au moment même où prenait corps et figure le projet longtemps différé de l’action commune des Alliés sur le front d’Extrême-Orient, des changements importants se produisaient tant à Pékin qu’à Tokyo dans la composition et le personnel des gouvernements chinois et japonais. C’était aussi l’heure où, sur le front d’Occident, l’offensive vigoureuse et géniale du maréchal Foch allait imprimer a la guerre un caractère et une allure dont l’effet se ferait sentir à l’autre extrémité du théâtre de l’universel conflit.


III

Le général Fong-kouo-chang, lorsqu’il devint, au mois d’août 1917, président de la République chinoise, et même six mois plus tard, lorsqu’il se crut affranchi de la tutelle gênante de son premier ministre Touan, n’avait pas osé rappeler à la vie l’ancien Parlement dissous deux fois, d’abord par Yuan-che-kai, puis par Li-yuan-hong : Il comprenait cependant que la République ne pouvait se maintenir sans l’apparence tout au moins d’un organisme parlementaire, il avait donc, conformément à la faculté que lui conférait l’article 17 de la Constitution provisoire de 1914[1], fait voter par le Sénat non élu (Ts’an-yi-yuan) qui tenait lieu des Chambres électives, trois lois relatives à la réforme du mode d’élection des deux Chambres et à l’organisation du Congrès chargé d’élire le Président de la République. Ces trois lois avaient été ratifiées et promulguées par décret présidentiel du 17 février 1918, et bien qu’émanant d’une origine non populaire, non reconnue par une partie considérable de la nation, elles étaient les seuls textes législatifs substitués à l’ancienne Constitution virtuellement abolie. C’est en tout cas en vertu de ces lois qu’ont eu lieu, au mois de juillet 1918, les élections des deux Chambres et, le 12 août suivant, la réunion du Parlement ainsi constitué.

Les influences alors dominantes à Pékin n’étaient plus celle

  1. Le texte de cette Constitution, traduit par M. A. Vissière, ministre plénipotentiaire, professeur à l’Ecole des Langues orientales vivantes, a été publié dans le Bulletin de l’Association amicale franco-chinoise de 1916 (p. 203-210).