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tout de suite le péril. Et, dès la première heure, ils songèrent à se garantir et, par-là même, à sauvegarder la cause commune de toute l’Alliance. Le gouvernement chinois et le président Fong qui, depuis plus de six mois, se laissaient enlizer dans le conflit inextricable entre le Nord et le Sud, comprirent que le moment était venu de s’arracher à ces querelles. Le président Fong, dès le 24 mars, rappela au pouvoir, comme président du Conseil, le général Touan-ki-jouei, qui remplissait les fonctions de haut-commissaire militaire dans le Nord. Touan, en reprenant son ancien poste, garda la plupart des membres du précédent cabinet, notamment Lou-tcheng-siang et Ts’ien-neng-hiun. Il avait pour lui les généraux du Nord. Il savait pouvoir compter en outre sur la sympathie et l’appui du gouvernement japonais.

A Tokyo, le maréchal Teraoutsi et le vicomte Motono avaient, dès le principe, reconnu et accepté le devoir que les circonstances leur imposaient. Sans rompre avec la Russie, dans laquelle ils persistaient à voir une alliée, ni même avec le gouvernement de fait issu de la tourmente révolutionnaire, et tout en laissant leur ambassadeur, le vicomte Uchida, libre de quitter provisoirement Petrograd, ils déclaraient au Parlement que le maintien de la sécurité en Extrême-Orient incombant entièrement au Japon, le gouvernement impérial ne devait pas hésiter à prendre, à n’importe quel moment, les mesures nécessaires et ne devait reculer devant aucun sacrifice pour préserver cette sécurité et assurer une paix durable dans l’avenir.

Le Japon et la Chine étant pleinement d’accord à ce sujet et les deux gouvernements, surtout depuis le retour du général Touan au pouvoir, étant résolus à agir de concert, des pourparlers s’établirent aussitôt entre les deux cabinets pour déterminer les conditions et les modalités de ce concert. Les négociations, engagées à la fin de mars, devaient se prolonger jusqu’à la mi-mai, bien qu’il fût clair, dès le début, qu’elles aboutiraient au résultat désiré. Les 16 et 19 mai, deux conventions, l’une militaire, l’autre navale, étaient signées, entre les représentants des deux pays, et les notes publiées au lendemain de cette signature tant à Pékin qu’à Tokyo témoignaient nettement que les deux gouvernements s’étaient entendus de tout point sur les mesures à adopter pour la défense de leurs communs intérêts et pour la préservation de l’intégrité et de la paix de l’Asie orientale.