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Ts’ien-neng-hiun, dont les idées modérées et le caractère conciliant faisaient pour le président un précieux auxiliaire.

La grande difficulté restait, pour le président Fong, comme pour ses deux prédécesseurs, la discorde, l’état de guerre civile entre le Nord et le Sud, ou plutôt entre les partis qui, sous ces dénominations géographiques, continuaient à-se combattre et à déchirer le pays. Chacun des partis, chacune même des fractions de parti avait, pour soutenir ses prétentions, des généraux qui, malgré l’intérêt de classe ou de caste, n’hésitaient pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Le prolongement de la dissension entre les factions rivales du pays, bien que les rencontres entre les adversaires fussent rares et peu meurtrières, paralysait l’action et les forces vives de la République et surtout ne lui permettait pas une participation réelle à la guerre contre les Puissances germaniques à laquelle elle s’était depuis six mois promis de s’associer.

Les Alliés avaient cependant, de leur côté, facilité à la Chine, par des mesures et concessions opportunes, l’exécution de la résolution qu’elle avait prise. Les États-Unis et le Japon, comme la Grande-Bretagne et la France, lui avaient marqué leur désir de l’assister, par leur coopération politique et économique, dans l’accomplissement de sa tâche. Relèvement du tarif des douanes, suspension du paiement de l’indemnité des Boxers, prêts au gouvernement central soulagèrent le Trésor, qu’alimentaient d’autre part les revenus croissants de l’administration des douanes maritimes, de la gabelle du sel, les bénéfices considérables réalisés par la hausse des changes et du métal argent.

Le gouvernement japonais qui, dans l’automne de 1917, venait, par la mission extraordinaire du vicomte Ishii à Washington, de s’entendre avec les États-Unis sur la défense des intérêts communs des deux pays dans le bassin du Pacifique et en Asie orientale, ne négligeait non plus aucune occasion de manifester à la République chinoise ses sentiments de bon voisin et d’allié. Le maréchal Teraoutsi et le vicomte Molono témoignaient au gouvernement de Pékin les dispositions les plus cordiales. Ils avaient aidé le président Fong et le général Touan à triompher de la crise du dernier été et à accentuer leur politique de rapprochement avec les Alliés. Le langage tenu par les membres du cabinet Teraoutsi à Tokyo