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fondations de ce qu’il croyait devoir être la grande colonie germanique de l’Extrême-Orient. La navigation, le commerce, l’industrie, l’expansion financière, les rêves de domination de l’Allemagne sur tout le continent de l’Asie orientale et dans le bassin du Pacifique, tout cet édifice si laborieusement construit s’écroulait d’un seul coup. Après avoir été, dès 1914, expulsée par les forces japonaises de la forteresse et du territoire de Kiao-tcheou, l’Allemagne recevait le coup de grâce de cette Chine dont elle avait espéré faire si facilement sa dupe et sa proie.

Le nouveau président Fong avait, entre autres avantages sur son prédécesseur, d’abord une autorité personnelle plus grande et une carrière antérieure plus brillante, mais aussi le privilège d’être moins antipathique et suspect aux divers partis qui s’étaient jusqu’ici disputé la possession du pouvoir. Quand il avait été élu vice-président le 30 octobre 1916 par les deux Chambres du Parlement que Yuan-che-kai avait dissous et que Li-yuan-hong avait rappelé et restauré, il avait réuni les voix, non seulement des partis modérés et du parti militaire, mais encore des républicains du Sud et du parti avancé, le Kouo-ming-tang. Il semblait donc que sa présidence dût soulever moins d’opposition et même faciliter un rapprochement entre les éléments séparés et hostiles. Mais, depuis cette date, le Parlement avait été une seconde fois dissous, le parti militaire et les généraux n’étaient pas favorables à une réconciliation avec le Sud, et le président lui-même n’avait pas grande sympathie ni confiance envers le premier ministre, le général Touan, qu’il n’avait conservé à la tête du cabinet qu’à cause du rôle décisif joué par Touan dans la lutte victorieuse contre le coup d’Etat de Tchang-hiun. Peu de temps après son investiture, le président Fong cherchait, par ses propres voies et moyens, et grâce au concours de certains généraux amis, à préparer un accord entre le Nord et le Sud. Avant la fin de l’année, il écartait du pouvoir le général Touan et appelait à la présidence du Conseil, au mois de décembre, Wang-che-tcheng, chef de l’Etat-major général de l’armée, qui réassumait en même temps le portefeuille de la guerre. Le cabinet, ainsi remanie, comprenait heureusement au ministère des Affaires étrangères Lou-tchong-siang, ancien ministre à la Haye, et qui déjà avait occupé ce même poste à plusieurs reprises sous la présidence de Yuan-che-kai comme sous celle de Li-yuan-hong, et, à l’Intérieur,