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brillant de la soie, avec qui on le marie d’égal à égal ; le traitement des matières textiles a bénéficié, dans toutes ses phases, de découvertes analogues à celles qui ont révolutionné la filature et le tissage. La soie s’est transformée de même et sa consommation s’est multipliée,


III

Seules les étoffes d’or et d’argent ont disparu, réservées aujourd’hui aux ornements d’église. Elles constituaient le costume de gala des deux sexes, pour les personnages riches et puissants, — ce qui, en ce temps-là, revenait au même, — depuis le moyen âge jusqu’au milieu du règne de Louis XV, où les inventaires des gens de cour mentionnent encore nombre de vestes ou d’habits de drap d’argent et d’or, de broderies, de franges et de dentelles d’or. Après avoir fait fureur sous la Régence, la mode en passa et s’abolit peu à peu devant le goût anglais.

Bien qu’un chroniqueur mentionne, au temps de Henri IV, « une immense manufacture à Paris, rue de la Tixeranderie, pour la fabrication du fil d’or, façon de Milan, » on imagine aisément que le débit n’en pouvait être que restreint. Authentique, le « fil d’or de Milan » valait au XVIIe siècle, 560 francs le kilo et ce n’était pas le plus cher ; le kilo de fil d’or variait d’après le nombre de carats, c’est-à-dire le titre du métal employé, de 600 à 1 600 francs et, de même, le kilo de passements, franges ou galons d’or oscillait de 500 francs à 6 000. On trouvait, il est vrai, de « grands galons d’or faux » à 0 fr. 80 centimes le mètre ; mais la « fausseté » comportait bien des degrés, car des toiles qualifiées « d’or et d’argent faux » coûtaient 65 francs le mètre.

Quant aux tissus d’or fin, qu’ils fussent importés d’Orient, — tels ceux de Chypre ou de Damas au moyen âge, — ou originaires d’Italie, le mètre, suivant la pureté de la substance, descendait à 100 francs et montait à 2 400, prix d’un drap d’or « frisé à triple frisure pour faire robe à la reine, » femme de François Ier, en 1530. Auprès de cette dernière étoffe, le drap d’or, à 415 francs le mètre, qui sert en 1670 à confectionner une robe de chambre de Louis XIV, parait presque bon marché.

Celui-ci est d’ailleurs un prix moyen ; mais l’autre, bien