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Par un soir tout couleur de topaze et d’orange,
Leurs espoirs reflétés dans le riche tableau,
De gais comédiens, suivant le fil de l’eau,
Ont débarqué la joie au seuil de votre grange,

Aucun toit si grossier ne leur paraît étrange ;
Ils le peuvent changer vite en Eldorado,
Pour peu qu’au pli naïf qui tombe du rideau
La rampe tout en feu mêle l’or d’une frange.

Ainsi le doux concert qui cessa quand je vins
N’était pas, croyez-m’en, ô peuple de Valvins,
Le désespoir d’un veau pleurant hors de la salle.

Mais avec ses cinq doigts, par la gamme obéis,
La chanson que du creux d’un violon exhale
Un jeune homme de bien, natif de ces pays.


La venue d’un ami servait de prétexte à des triolets d’ouverture, que l’actrice venait, en pinçant sa jupe rouge à losanges, prononcer, sur une révérence ; tels :


Quiconque passe sur la berge.
Si l’on veut rire, c’est ici.
Mieux qu’un vin ; notre joie héberge
Quiconque passe sur la berge.

Sans payer nous tenons auberge.
Pour ceux de Chine et d’Héricy.
Quiconque passe sur la berge,
Si l’on veut vivre, c’est ici.


Ou encore :


Notre violon n’attend plus
Qu’un signe de Monsieur le maire.
Cet orchestre que j’énumère,
Notre violon, n’attend plus.
Déjà sur les prés chevelus
La lune verse sa chimère.
Notre violon n’attend plus
Qu’un signe de Monsieur le maire.


Septembre s’achevait : on plia les rideaux, les paravents la dernière affiche collée au pont se décollait sous la pluie. Dans une malle la souquenille de Pathelin, la casaque rayée