Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le ministère des Affaires étrangères, au quai d’Orsay, est toujours le point de l’espace vers lequel le monde entier tend ses regards avec une impatience de plus en plus anxieuse, une faim de nouvelles que n’ont pas rassasiée des indications, des indiscrétions plutôt, aussi rares qu’incertaines. Nous-même, dont c’est la tache ici de suivre les événements au jour le jour et de les ramasser périodiquement en un tableau qui n’en devrait oublier aucun de quelque importance, combien n’en avons-nous pas dû négliger ou rejeter, au cours de ces derniers mois, pour répondre à la préoccupation générale, à notre propre souci, et concentrer toute l’attention sur la grande affaire ! Des choses, qui en un autre temps, en des circonstances ordinaires, eussent été capitales, des changements ou des chutes de gouvernement, des crises, des révolutions même, tant de manifestations de trouble ou de travail profond dans la vie politique et sociale de tel ou tel peuple, seront absentes de ces chroniques dont le premier mérite devrait être la fidélité; et peut-on être fidèle si l’on n’est pas complet? Mais pouvait-on être complet, et être exact, dire toutes choses et laisser à chacune sa proportion? L’esprit, qui serait surchargé, élimine; et la mémoire filtre, absorbe, retient peu. Pour cette dernière quinzaine, en dehors de tout ce qui gravite autour de la guerre et de la paix, si l’on ne reprend pas les journaux et si l’on ne les relit pas dans le détail, on n’aperçoit guère -que la crise espagnole, — puisque le mot se dit aussi des « crises ministérielles, » — la démission de M. le comte de Romanonès et le retour de M. Maura : simple incident, en comparaison des vrais événements : encore n’est-il pas très sûr qu’il n’ait aucun point de contact avec la guerre d’hier ou la paix de demain. Mais la guerre et la paix, t voilà bien la grande, la plus grande, la seule et unique affaire. À ce point de l’espace, à ces deux points, le ministère du quai d’Orsay