Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soumis à la domination des Turcs. M. Roustem Haïdar, délégué des Arabes du Hedjaz, compatriote et ami de l’émir Faïçal, demande que l’on s’explique sur ce système des « mandats. « Il revendique en tout cas, expressément, pour les peuples en question, la liberté de « choisir la puissance à laquelle ils demanderont appui et conseil. »

En réponse à une question de M. Hughes, délégué de l’Australie, demandant si ce débat comporte des conclusions définitives, M. Clemenceau déclare que « le rapport présenté et commenté par le président Wilson est déposé sur le bureau de la Conférence en vue d’un examen ultérieur, pour être étudié et discuté par toutes les puissances ici représentées, » c’est-à-dire par vingt-quatre gouvernements. La séance est levée.

Ainsi finit cette journée mémorable, où le Projet pour rendre la paix perpétuelle, imprimé en 1712 par le bon abbé de Saint-Pierre, vient de trouver une imposante consécration.


II. — LA QUESTION SOCIALE

La séance plénière du 11 avril 1919 a lieu dans une autre salle, moins surchargée d’ornements et de fioritures, plus harmonieuse et peut-être mieux adaptée à l’ordre du jour d’une solennité quasi académique. La presse est installée plus commodément. La plupart des invités sont assis. Quelques-uns même peuvent disposer d’une table qui sépare l’auditoire de l’assemblée, mais où l’on trouve à souhait tout ce qu’il faut pour écrire. Afin que chacun puisse facilement suivre les différentes phases de la séance et en comprendre l’objet, le secrétariat général de la Conférence a fait distribuer une Note où l’on voit qu’il s’agit aujourd’hui d’un « projet de convention, créant un organisme permanent pour la réglementai ion internationale du travail. »

Tandis que les plénipotentiaires, avant de prendre place autour du tapis vert, échangent des poignées de main, des saluts, quelques mots de bienvenue, on a le loisir de lire un copieux préambule, où il est dit, en premier lieu, que « la Société des Nations a pour but d’établir la paix universelle, et que cette paix ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale, » et que, par conséquent, « les Hautes Parties Contractantes, mues par des sentiments de justice et d’humanité, aussi