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Patiente, ma belle ville.
Nous serons mille contre mille
Non plus un contre cent, bientôt !
À l’ombre, où maint éclair se croise,
De Ney, dès lors âpre et narquoise,
Forçant la Porte Serpenoise
Nous ne dirons plus : ils sont trop.

Nous chasserons l’atroce engeance,
Et ce sera notre vengeance
De voir jusqu’aux petits enfants
Dont ils voulaient, — bêtise infâme !
Nous prendre la chair avec l’âme,
Sourire, alors que l’on acclame
Nos drapeaux enfin triomphants…

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Mute, joins à la générale
Ton tocsin, rumeur sépulcrale,
Prophétise à ces lourds bandits
Leur déroute absolue, entière
Bien au delà de leur frontière,
Que suivra la volée altière
Des Te Deum enfin redits.


Tout y est : nous avons enfin été mille contre mille ; Ney se dresse tandis que Mangin va passer la porte Serpenoise que de loin il « forçait » dans les héroïques journées de cet é(é ; les enfants dont « ils » voulaient, — bêtise infâme, — nous prendre la chair avec l’âme » nous sourient à notre entrée et vont acclamer « nos drapeaux triomphants. « Attendons une heure, et la Mute va porter ses sons au loin, poursuivant dans « leur déroute absolue, entière, bien au delà de leur frontière, » l’oppresseur déconfit par nos nouveaux Fabert et nos nouveaux Ney. Tout à l’heure s’élèveront au son de l’orgue, dans les églises de Metz, « les Te Deum enfin redits. »

Verlaine sans doute avait soulevé la dérision de ces « pédants incultes » dont une autre strophe flétrit la lourde tyrannie. Pour avoir intitulé, en un petit livre sur la Lorraine, le chapitre consacré à Metz : « La captive lorraine, » je me vis, moi qui n’étais pas Verlaine, en butte, en l’espèce de ce petit volume, à la proscription. Aujourd’hui, la « captive lorraine » est libre