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des gens de condition fort modeste qui, avant la guerre, n’avaient d’autres ressources que leur salaire.

Que des éléments douteux issus des faubourgs de nos cités industrielles s’y mêlent parfois, c’est incontestable ; mais l’hospitalisation collective, précisément, facilite en ce cas la surveillance et la sélection nécessaires.

La durée du séjour dans l’Œuvre n’est pas indéfinie ; c’est une question d’espèce. En principe, on s’assure, avant de congédier un hospitalisé, s’il est en état de se procurer des moyens d’existence. La plus grande liberté est laissée à chacun sous les seules réserves que dictent l’ordre public, la morale et l’hygiène.

Le problème relativement simple, lors qu’il s’agit d’adultes valides, devient plus complexe, quand on se trouve en présence, — le cas est fréquent, — de vieillards, d’infirmes, d’enfants orphelins ou abandonnés. Là encore, l’Œuvre s’efforce d’apporter à chaque cas une solution satisfaisante, mais c’est là surtout une question d’après-guerre qui apparaît grosse de difficultés pour l’avenir.

J’arrive maintenant aux méthodes d’hygiène, de prophylaxie et de traitement médical appliquées au Secours de guerre.

Nous avons ici un des exemples les plus typiques de ce que peut rendre, en matière d’assistance, l’application des méthodes scientifiques, en ce qui concerne l’hygiène générale et la prophylaxie des maladies contagieuses. Il faut reconnaître qu’au séminaire Saint-Sulpice comme, hélas ! dans la plupart des maisons d’il y a un demi-siècle, on n’avait jamais appliqué qu’à moitié le vieil adage « mens sana in corpore sano, » et que les questions intellectuelles avaient de beaucoup pris le pas sur les questions d’hygiène. On imagine les difficultés que le fondateur du Secours de guerre dut résoudre lorsqu’il lui fallut organiser au séminaire Saint-Sulpice un établissement d’hospitalisation où simultanément deux mille personnes et davantage se renouvelant sans cesse, allaient vivre plus de quatre ans. D’une part, des locaux délabrés, rongés par l’humidité, ouverts à tous les vents, des canalisations détruites, très peu de portes, pas de serrures, les égouts obstrués ; de l’autre, — et c’était une nouvelle complication au problème, — des gens affaiblis par les privations, à peine vêtus, très souvent couverts de vermine, par suite des conditions misérables dans lesquelles ils avaient dû vivre durant des semaines entières sans se déshabiller, ni changer de linge, ni se laver.