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de l’armistice prévoyaient l’usage, à courte échéance, des lignes belges, des réseaux du Nord et de l’Est jusqu’à la frontière, des voies de l’Alsace-Lorraine et enfin des lignes allemandes jusqu’au Rhin, c’est-à-dire l’exploitation de toutes ces voies ferrées, après la remise en état de celles qui avaient été détruites ou endommagées. Il fallait en outre prévoir l’éventualité de la reprise des hostilités, en cas d’inobservation des conditions de l’armistice.

A elle seule, l’exploitation des lignes allemandes jusqu’au Rhin réclamait la formation de six nouvelles sections de chemin de fer de campagne comptant chacune 3 100 agents qualifiés et 1 650 auxiliaires. Le prélèvement jugé nécessaire de 18 600 agents qualifiés, à prendre sur les réseaux de l’intérieur, fut compensé par la mise à la disposition immédiate des Compagnies de 27 900 auxiliaires.

En outre 13 300 auxiliaires Jurent mis à la disposition du réseau du Nord et 8 700 à celle du réseau de l’Est, pour la réoccupation et le fonctionnement des secteurs évacués par les Allemands. Ces 22 000 auxiliaires s’ajoutèrent aux 27 900 qui précèdent, pour former un total de près de 50 000 auxiliaires.

Dans la zone française, la longueur des lignes à réparer était évaluée à 1 100 kilomètres pour le Nord et à 500 pour l’Est. D’après les constatations antérieures, il fallait s’attendre à remplacer, dans les sections détruites par les Allemands, tous les appareils de service, 70 p. 100 des rails et 30 p. 100 des traverses, soit un total de 12 000 appareils, 2 800 kilomètres de rails et 1 560 000 traverses. Ces chiffres démontrent l’immensité de l’effort à faire pour ramener l’existence normale dans les régions dévastées, où rien ne subsistait, et y assurer le retour des habitants réfugiés à l’intérieur du pays ou des militaires démobilisés.


MARCHE DES TROUPES ALLIÉES VERS LE RHIN

La marche des armées alliées jusqu’au Rhin, en dehors de toute autre considération militaire, obligeait à prévoir le ravitaillement de 12 divisions belges, de 64 divisions anglaises, de 108 divisions françaises et de 29 divisions américaines, dont l’effectif représentait la valeur de 50 de nos divisions. Chaque division à ravitailler devait recevoir deux trains par jour.