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profondeur. Dans le procédé couramment employé maintenant par les Anglais, on vide la coque au moyen de l’air comprimé, — encore lui ! — ce qui permet d’opérer à grande profondeur. Ce procédé est d’une puissance et d’une efficacité presque illimitées.

Dès 1905, le sous-marin anglais A-8 avait été ainsi sauvé par le Neptune Salvage C° au moyen d’injection d’air comprimé. On avait relevé de même postérieurement certains navires de commerce comme le Bavarian de 12 000 tonnes, coulé dans le fleuve Saint-Laurent, et le Yankee de 6 000, tonnes coulé dans la baie du Buzzard. Aujourd’hui le procédé s’est développé et systématisé d’une manière grandiose entre les mains des marins anglais, grâce surtout à l’invention d’admirables et puissantes pompes submersibles renfermées dans des caissons complètement étanches et qui sont mues par l’électricité fournie par le bateau sauveteur. L’air puissamment comprimé par ces pompes et injecté dans l’épave, en chasse l’eau progressivement comme il fait dans la cloche à plongeur ou dans les caissons métalliques qui ont servi à faire le tunnel du métropolitain sous la Seine. Ces pompes submersibles peuvent travailler à des profondeurs où les pompes ordinaires sont complètement inutilisables, et elles peuvent pomper efficacement à une profondeur triple du rayon d’action de la pompe ordinaire.


Et maintenant quelques faits et quelques résultats. Dans presque tous les ports britanniques il existait avant la guerre des organismes destinés au sauvetage des naufragés ; depuis la guerre et surtout depuis le furieux déchaînement de la piraterie allemande, l’Amirauté a réuni et militarisé toutes ces organisations et les a centralisées sous le nom de Salvage Section entre les mains d’un marin éminent depuis longtemps spécialisé dans ces questions, le capitaine Young de la Liverpool Salvage Association.

La Salvage Section a fonctionné dès longtemps avant la fin des hostilités ; son rôle n’est pas terminé avec celles-ci ; bien loin de là, mais il est devenu moins dangereux, sinon moins pénible et moins digne d’admiration. Il y a quelques mois encore, c’était sous le feu des canons et sous la menace des torpilles des Allemands que les frêles bateaux de la Salvage Section, portant son personnel réduit et l’arsenal de ses pompes, accourait à toute vapeur dès que la T. S. F. avait annoncé le torpillage ou le coulage par mine d’un navire, dès