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trouve au Sud de la limite projetée, puis du Slesvig central. Des meetings, dans plusieurs villes du Jutland septentrional, faisaient écho à ces appels. A l’assemblée de Fredericia, le 10 décembre, un socialiste de Flensborg assurait que si tout le Slesvig jusqu’à l’Ejder était admis à voter, il témoignerait qu’il voulait être réuni au Danemark. Pour comprendre la valeur de cet aveu, il faut savoir que les socialistes du Slesvig ont été généralement les adversaires de la politique nationale, ou du moins qu’ils s’y montraient indifférents.

Les Allemands ont fait surgir des réunions de protestations contre le retour du Slesvig au Danemark, auxquelles prennent part surtout des soldats qui ne sont pas originaires du pays. Pour marquer, en haut aussi bien qu’en bas, la continuité de la politique allemande, on a appelé à Berlin comme ministre des Affaires étrangères le comte Brockdorff-Rantzau qui représentait l’Allemagne à Copenhague depuis plusieurs années ; les Danois le connaissent bien par son ingérence continuelle dans leurs questions intérieures. On l’a vu s’opposer à l’érection de monuments aux héros de 1864 ; il est allé jusqu’à faire supprimer dans les livres destinés aux écoles les passages où l’on parlait du Slesvig.

L’association des électeurs du Slesvig du Nord a déclaré dans sa réunion du 30 décembre à Aabenraa, que l’Entente ayant triomphé, il considérait la séparation d’avec l’Allemagne et le retour au Danemark comme un fait accompli. Pour cette raison, le comité ne jugeait pas correct de laisser les Danois du Slesvig prendre part aux élections de la Constituante allemande. Il assurait que, d’accord avec le Rigsdag danois, il désirait que la question des frontières fût résolue sur la base du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pourvu que cette liberté fût exercée dans des conditions suffisantes d’indépendance. C’est à ce sujet que le comité s’est plaint des Conseils de soldats qui mettent obstacle à la préparation du plébiscite en empêchant les pétitions et les réunions publiques, en particulier dans le Slesvig central. Il a « chargé le gouvernement danois de défendre à la Conférence de la paix les intérêts des Slesvigois qui ne pouvaient espérer, telle que la situation se présentait en ce moment, obtenir par un plébiscite la reconnaissance de leurs droits. » Le 8 février, dans une troisième réunion à Aabenraa, le même comité a demandé expressément que Flensborg fût admis à voter.