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était dit que « les districts septentrionaux du Slesvig pourraient être de nouveau réunis au Danemark s’ils en exprimaient le vœu par un vote librement émis. » Pendant bien des années cette promesse fut leur réconfort. À plusieurs reprises, par des adresses et des émissaires qu’ils lui envoyèrent, ils demandèrent à l’Empereur de la faire exécuter. Le gouvernement impérial y songeait. Dans sa correspondance diplomatique Drouyn de Lhuys y revient sans cesse.

Une députation slesvigoise se rendit à Berlin pour supplier le Roi de faire procéder aux élections ; il refusa de la recevoir ; mais une adresse signée par 17 000 Slesvigois lui fut remise ; elle n’eut pas plus de succès qu’une autre qui portait 27 473 signatures.

La guerre de 1870 affaiblit les espérances qui reposaient sur le paragraphe 5 ; elles achevèrent de s’éteindre lorsque, le 12 octobre 1878, l’Autriche consentit à ce que l’Allemagne supprimât cette clause.

On peut dire que le plébiscite promis par le paragraphe 5 avait eu lieu en 1867 aux deux élections pour la constituante de la Confédération de l’Allemagne du Nord et pour la Diète de l’Allemagne du Nord où, dans tout le Slesvig, les Danois comptèrent 25 598 votes contre 24 664 votes allemands ; dans le Nord 81 pour 100 des habitants volèrent, et 80 pour 100 donnèrent leurs voix aux députés danois ; le reste représentait les votes des nouveaux fonctionnaires qui avaient pris part aux élections. À Flensborg, dans le Slesvig moyen, il y eut une majorité danoise.

On put alors observer le même phénomène qu’on a vu se produire en Alsace-Lorraine après l’annexion. Un flot d’émigration emporta les jeunes gens soit vers le Danemark, soit vers l’Amérique, quand on les obligea à faire leur service militaire ; au moment de la guerre de 1870, pour ne pas combattre contre la France, d’autres quittèrent à leur tour le Slesvig qu’ils ne devaient plus revoir. Les prêtres refusèrent de prier pour le succès des armes allemandes Les derniers fonctionnaires danophiles, prêtres et instituteurs, donnèrent alors leur démission. Il y eut entre 1897 et 1901 un président supérieur du Slesvig-Holstein, M von Köller, qui expulsa des milliers d’optants, et beaucoup de Slesvigois sujets prussiens, Lorsque les autorités allemandes constataient qu’elles ne parvenaient