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l’année précédente, il en a nourri toutes les phases, opposant constamment à l’adversaire des forces suffisantes et préparant en secret, derrière cette couverture agissante, les grandes lignes de l’offensive générale, qui devait terminer la lutte.

Dans cette longue période de préparations et d’actions continues, les chemins de fer ont également eu un rôle important. Jamais, en effet, ils n’ont eu à résoudre de problèmes plus complexes, souvent avec des moyens précaires. Il leur a fallu, surtout pendant les quelques mois qui ont précédé nos retours offensifs, faire face aux difficultés les plus ardues, avec une activité et une ténacité vraiment remarquables. Les deux partis se disputaient avec le même acharnement les moindres tronçons de voies ferrées indispensables aux mouvements intensifs exigés par les opérations en cours.

Aussi, quand le succès de l’offensive du 18 juillet nous a portés vers Soissons, dans la direction de Fère-en-Tardenois et au delà de Château-Thierry, l’ennemi n’a-t-il pu songer à évacuer l’énorme matériel de guerre accumulé dans les régions menacées. Il dut nous y opposer une résistance prolongée sur l’Aisne et sur la Veste, et cette obligation l’a mis dans l’impossibilité d’échapper à l’emprise des forces alliées victorieuses. Il a employé une grande partie de ses réserves à conserver des positions qui n’avaient plus de valeur au point de vue de l’ensemble des opérations. Le maréchal Foch en a habilement profité pour les déborder et les manœuvrer successivement en Picardie, en Flandre et dans l’Argonne, et à contraindre ses adversaires épuisés et vaincus à demander l’armistice et l’ouverture de négociations en vue de la paix.


GÉNÉRAL DE LACROIX.