Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, illuminées par les girandoles, semblaient de grandes flammes, les flammes d’un immense feu de joie. Ah ! pauvre ami qui eût été là parmi les premiers, Paul Acker, qui nous guidas en ce vieux Colmar adoré par toi, mon souvenir te va chercher dans la tombe fleurie de cette vallée de Saint-Amarin où lu reposes ; sois heureux : les Exilés ont retrouvé leur patrie, et Colmar, français, acclame, avec sa liberté, le chef de guerre le plus noblement représentatif de cette patrie retrouvée.


LE MARÉCHAL FOCH À METZ ET À STRASBOURG

Du 22 au 27, s’était achevée l’occupation de l’Alsace-Lorraine par les troupes françaises. Le général Hellot avait, le 22, à la tête des troupes de son 17e corps, fait son entrée à Thionville, accueilli par le député M. Zimmer, le curé l’abbé Wagner, l’un déporté, l’autre exilé par l’Allemand ; il avait assisté, le 24, à un Te Deum et présidé, dans le théâtre, à une fête émouvante. On aimerait s’y arrêter, mais on craint de se répéter. Partout le même sentiment se traduisait de la même façon exaltée. « Je ne sais comment te décrire la joie, le délire de tous ces pauvres gens qui, se sentant enfin délivrés du Boche, ne savent comment nous témoigner leur sympathie, écrit un soldat. Partout des drapeaux, des cocardes à toutes les boutonnières, de vieux grand-pères qui se découvrent sur notre passage en laissant perler des larmes de bonheur. » Et un Lorrain : « Habitants et soldats ne formaient qu’un corps et une âme. » Ces lettres pourraient être datées de tous les villages, bourgs et villes de Lorraine.

En Alsace, la marche avait continué dans la même atmosphère d’enthousiasme. Le général Philippot, à la tête du 2e corps, avait fait à Reichshoffen une entrée délirante ; à Bru, math, le général Rampont, commandant la 127e division, avait été couvert de fleurs, à Wissembourg, la 3e division reçue d’une « façon charmante, » — tandis que les habitants, apercevant leur vaillant compatriote Auguste Spinner, poussé hors d’Alsace en 1913 par les persécutions, le portaient en triomphe à la mairie. A Haguenau, une foule énorme, accourue de toutes parts, avait assiégé d’enthousiasme le général Gérard, commandant la 8e armée : on avait sorti les vieux drapeaux, celui des pompiers portant encore, avec l’N prestigieux des