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4e armée. — Demain 6 septembre, nos armées de GAUCHE attaqueront, DE FRONT ET DE FLANC, les Ire et IIe armées allemandes. La 4e armée, arrêtant son mouvement vers le Sud, FERA TÊTE à l’ennemi, en liant son mouvement à celui de la 3e armée qui, débouchant au Nord de Revigny, prend f offensive en se portant vers l’Ouest.

3e armée. — La 3e armée, SE COUVRANT VERS LE NORD-EST, débouchera VERS L’OUEST pour attaquer le flanc gauche des forces ennemies qui marchent à l’Ouest de l’Argonne. Elle LIERA SON ACTION À CELLE DE LA 4e ARMÉE, qui a l’ordre de faire tête à l’ennemi.


L’ensemble de ces ordres évoque l’immense champ de bataille et les masses colossales qui se dressent les unes contre les autres. C’est ainsi qu’il faut entendre ces froides paroles. Le frémissement, le tonnerre de la bataille de France y résonnent déjà.

Impossible d’exposer ici la complexe ordonnance des mouvements et des engagements, ne serait-ce que dans le camp français : elle se développera sur le terrain.

Et, pourtant, il faut dire tout de suite, les trois robustes attaches auxquelles Joffre accroche son plan : pivot à droite avec les deux armées Castelnau et Dubail engagées dans les formidables batailles de Lorraine ; offensive de flanc à gauche avec Maunoury tombant sur von Kluck en plein cours ; et, enfin, contre-offensive au centre, avec Langle de Cary et Sarrail qui, prenant dans le des von Hausen et le duc de Wurtemberg, opposent ainsi une manœuvre plus large à la manœuvre « en tenaille » du Grand Quartier Général allemand.

Conception d’une portée intellectuelle éminente, ne serait-ce qu’en raison des forces et des espaces qu’elle emploie ; elle domine assurément, dans le détail et dans l’ensemble, celle de l’adversaire. Elle puise aux sources les plus ardentes de l’activité humaine : l’énergie du chef et la fureur de la troupe. Rappelons les formules de l’Instruction sur les Grandes unités : « ... Donner à la guerre un caractère de violence et d’acharnement... Jeter à la fois toutes les grandes unités dans la bataille, etc., etc. » Ces principes sont appliqués à la lettre. Joffre engage tout et l’armée se donne toute, (c Pour livrer la lutte suprême qui décide du sort de la guerre et dont l’avenir de la