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mettant en quelque sorte la marche des deux immenses armées sous les yeux du général en chef. Le général Clergerie vient de téléphoner les derniers renseignements recueillis à Paris. Tout est rassemblé. On délibère. Joffre réfléchit. Le jour tombe déjà. Les dépêches sont préparées. Le général Berthelot opine encore pour le repli jusqu’à la Seine de manière à laisser von Kluck s’engager à fond. Quelqu’un dit : « L’occasion se présente, la laissera-t-on échapper ? » Joffre a tout pesé. Il se dit qu’il a, pour le moment, l’adhésion de French, toutes les autres conditions étant réunies, la supériorité numérique au point où s’applique sa manœuvre, l’ensemble des circonstances favorables ; cette préparation mise au point, cet équilibre de ses forces, il ne les retrouvera peut- être pas demain. Il se lève et dit : « Eh bien ! Messieurs, on se battra sur la Marne ! »


Aussitôt, tous se mettent au travail. Les ordres sont libellés, téléphonés, télégraphiés. L’armée entière est avertie... Le monde vibrera éternellement de cette minute inouïe.


L’armée de Paris enregistre, en ces termes, la confirmation d’un message téléphoné le 4 septembre à 22 heures :

« Le général en chef vient de téléphoner ce qui suit : La 5e armée, l’armée anglaise et la 6e armée .attaqueront le 6 au matin, dans les directions suivantes :

Ve armée sur le front : Courtacon (10 kilom. au Sud de la Ferté-Gaucher), Sézanne.

Armée anglaise sur le front : Coulommiers-Changis (11 kilom, à l’Est de Meaux).

VIe armée, au Nord de la Marne dam la direction de Château-Thierry.

En conséquence, les ordres DONNÉS VERBALEMENT sont modifiés seulement en ce sens que la 6e armée orientera demain (c’est-à-dire le () ses colonnes en. se maintenant sur la rive Nord de la Marne, de manière à atteindre le mèridien de Meaux, etc.

Ce coup de téléphone confirme des ordres verbaux antérieurs et il n’est que le résumé, appliqué à l’armée de Paris, des deux grandes instructions Générales dictées par le général Joffre à la fin de l’après-midi du 4 et qui ordonnent, enfin, le déclenchement et le dispositif complet de la bataille de la