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Nord-Est elle reconnaît plusieurs colonnes de fumée signalant le passage des troupes qui brûlent les villages : elle entre en contact avec des patrouilles allemandes près de Penchard.

Dès 12 heures, le général Galliéni, qui a provoqué et suivi, avec une vigilance divinatrice, ces renseignements de sources diverses, commence à en tirer des conclusions. Il fait connaître que, d’une manière générale, « les forces allemandes qui se trouvent devant la 6e armée paraissent s’être orientées vers le Sud-Est. De notre côte, ajoute-t-il, la 6e armée s’est établie au Nord-Ouest du camp retranché, sur le front Mareil-en-France, Dammartin-Montgé ; l’armée anglaise est dans la région au Sud de la Marne et du Petit-Morin, de Courtevroult (Ouest) jusqu’au delà de la Ferté-sous-Jouarre (Est). » Une nouvelle note, à 15 heures, précise encore ces indications : « L’ennemi, poursuivant son large mouvement de conversion, continue de laisser le camp retranché de Paris sur sa droite et de marcher dans la direction du Sud-Est. »

Dans la soirée, le lieutenant-colonel Bourdeau, chef du service des renseignements, a porté l’ensemble des recoupements par- venus dans la journée au général Clergerie ; ils sont très nets : les directions des colonnes allemandes de la Ire armée s’infléchissent vers la Marne au Sud-Est. Le colonel Girodon, sous-chef d’État-major, voit immédiatement le parti que l’on peut tirer d’une telle situation : l’armée Maunoury se trouve précisément en présence de l’occasion favorable cherchée depuis longtemps ; c’est l’heure d’attaquer l’ennemi. D’après un témoin, le général Clergerie dit lentement et gravement : « On va leur taper dans le flanc. » Et il entre chez le général Galliéni.

Dès lors, avec une vigilance extrême, les renseignements sont demandés, obtenus et groupés. Le 3 septembre au soir, un ordre de reconnaissance pour la journée du 4 septembre pose nettement la question :


Une colonne importante a été signalée aujourd’hui marchant de la région de Nanteuil sur Lizy-sur-Ourcq. Il importe, au plus haut point, de savoir si la région du Nord Nord-Est de Paris est évacuée et si l’armée qui marchait vers Paris se dirige tout entière vers l’Ourcq et au delà. Demain, 4 septembre, au point du jour, des reconnaissances aériennes seront envoyées dans les directions de Creil, Villers-Cotterets, Neuilly-Saint-Front, vallée de à Marne jusqu’à Meaux, Compiègne, Crépy en-Valois. Ces reconnaissances sont d’une