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VII. — LA MANŒUVRE FRANÇAISE

Voyons, en effet, ce qui s’était passé dans le camp français.

Quatre documents déjà connus éclairent la pensée du Haut Commandement dans la période du 1er au 3 septembre : 1°r l’Instruction générale n° 4, datée du 1er septembre et qui prescrit la retraite générale, au besoin jusqu’au Sud de la Seine, mais sans que cette indication implique que cette limite devra être forcément atteinte [1]. L’Instruction s’achève par ces mots : les troupes mobiles du camp retranché de Paris pourraient prendre part également à l’action générale ; 2° la note 3 463, datée du 2 septembre, confirmant, avec la plus grande netteté, ce qui est dit dans l’Instruction générale précédente : que la manœuvre en retraite a pour objet, aussitôt l’heure venue, de passer à l’offensive sur tout le front ; mais cette offensive est subordonnée à trois conditions : que les deux corps prélevés sur les armées de Nancy et d’Épinal soient en place ; que l’armée anglaise se déclare prête à participer à la manœuvre ; que l’armée de Paris soit en mesure d’agir en direction de Meaux ; 3° l’ordre général n° 11, daté également du 2 septembre, prescrivant toutes les mesures à prendre, à la dernière minute, pour que tout soit prêt et que les énergies soient tendues vers la victoire finale ; le général en chef affirme de nouveau son intention de reprendre sous peu l’offensive générale ; 4° la note adressée, le 3 septembre, au ministre de la Guerre, indiquant les raisons pour lesquelles l’offensive générale a été légèrement retardée. Cette note se termine ainsi : « Le but du général en chef est de préparer une offensive en liaison avec les Anglais et avec la garnison de Paris et d’en choisir la région de façon qu’en utilisant, sur certaines parties du front, des organisations préparées, on puisse s’assurer la supériorité numérique dans la zone choisie pour l’effort principal. »

On voit comment les idées s’enchaînent et comment les données du problème se précisant, la solution se dégage peu à peu. Il faut : a) que les deux corps soient en place ; b) que l’armée britannique ait accordé son concours ; c) que les forces mobiles de Paris soient prêtes à assurer la supériorité numérique au point où doit se porter la manœuvre.

  1. Voir Histoire de la Guerre, t. VIII, p. 150.