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LA
MANŒUVRE DE LA MARNE [1]
AVANT LA BATAILLE

La bataille de la Marne est la suite naturelle d’un ensemble de dispositions et de préparations matérielles et morales. Elle mettait aux prises deux volontés, l’une saine et droite, l’autre enivrée et égarée : l’une et l’autre s’étaient mesurées dans les premières semaines de la guerre ; une fois aux prises, fatalement, la moins digne devait avoir le dessous.

Etant données les origines de la guerre, il n’était pas possible que les événements n’en arrivassent pas à cette conjoncture : une heure devait sonner où l’erreur de la race germanique, causant celle de ses chefs, la conduirait à un abîme ; et il devait arriver aussi que le peuple français, assagi par les longues années de la défaite, serait l’instrument de la loi supérieure qui préside aux destinées humaines. Ici-bas, tout se paye, tout est payé.


I. — LE PLAN ALLEMAND ET LE PLAN FRANÇAIS

Pour nous en tenir aux faits de l’ordre militaire, rappelons l’enchainement des circonstances, — celles qui résultent de résolutions réfléchies et combinées et celles qui tiennent à cette « force des choses » dont la volonté la plus énergique ne peut secouer tout à fait le joug.

  1. Copyright by Gabriel Hanotaux, 1919.