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annuellement la consommation de bouche française. Les solutions que l’on a proposées avaient généralement un côté artificiel, puisqu’il s’agissait de donner des encouragements sous la forme de primes, en augmentant par contrepartie les taxes sur l’alcool utilisé en boisson. Il est peu probable que l’alcool prenne jamais, dans l’industrie, le rôle ainsi rêvé, si la situation n’est pas entièrement renouvelée par la production de l’alcool synthétique. On commence actuellement à fabriquer de tel alcool en partant du carbure de calcium, obtenu électriquement. ; L’industrie est toute neuve. Le jour où elle se développera, ce ne sera plus la chaleur du soleil que cet alcool minéral se trouvera utiliser, mais la houille blanche.

Quant aux procédés destinés à produire un échauffement de liquides divers par le soleil, il ne faut y voir, d’ici quelques années au moins, que des expériences ingénieuses. L’on a généralement employé des miroirs paraboliques, ou plutôt troncconiques, à faire bouillir de l’eau dans une petite chaudière cylindrique disposée suivant leur axe. C’est le procédé, qui, dès 1880, avait paru donner des résultats industriels à MM. Mouchot et Abel Pifre et qui a été repris depuis en Californie.

On a pu également vaporiser de l’eau contenue dans des tubes de fer noircis sous un châssis de verre analogue à ceux qu’emploient les jardiniers, mais avec double paroi vitrée. Une usine d’énergie solaire a, vers 1911, fonctionné, suivant ce principe, à Philadelphie. La chaleur radiante, traversant le verre, venait porter l’eau à l’ébullition ; le rayonnement inverse de la chaleur produite était arrêté par le châssis isolant. On a encore utilisé la chaleur du soleil à vaporiser de l’ammoniaque sous pression. Enfin, on a proposé d’emmagasiner des calories dans un bain de saumure recouvert par de l’eau douce.

Je signalerai aussi, à propos de la chaleur solaire, une idée qui met en jeu, avec elle, des principes différents. A voir les effets de propulsion considérables obtenus en temps de guerre par les explosifs, on s’est parfois demandé si ces mêmes explosifs, modérés et régularisés par un artifice quelconque, ne pourraient pas être employés pacifiquement à actionner des moteurs. Tout ce qui, dans ces explosifs, est produit artificiel de l’industrie chimique ou électrique ne pourrait, il est vrai, que nous rendre l’énergie fournie par nous préalablement ;