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à les reprendre spécialement. Voici, en deux mots, comment elles se présentent. L’emploi du pétrole et, plus généralement, des hydrocarbures liquides est, par rapport à l’usage des charbons solides, une nouveauté, qui ne remonte guère qu’a 1850. Fendant longtemps, les diverses huiles minérales ont eu des applications à peu près limitées à l’éclairage et au chauffage, qu’elles ont, elles-mêmes, conquises de haute lutte, après une série de crises successives, où l’on a pu craindre la surproduction. Dans les centres pétrolifères, il est vrai, on avait réalisé depuis longtemps l’application du pétrole ou des gaz naturels connexes à la production de force ou à des opérations métallurgiques. Mais il y a peu de temps que l’emploi des combustibles liquides comme source d’énergie a pris une extension considérable. Depuis quinze ans, les moteurs à essence se sont généralisés pour les automobiles et les aéroplanes ; puis sont venus les moteurs à huile lourde genre Diesel, qui, après avoir remporté de nombreux succès sur terre, ont amené, dans la marine, une véritable révolution. Nous venons d’avoir, durant la guerre, la preuve fâcheuse de l’importance prise par ces applications, qui ont aussitôt affecté un caractère militaire, en constatant le peu de pétrole et d’essence réservé à l’éclairage ou aux déplacements des civils. Le pétrole est devenu un instrument de guerre indispensable, dont la valeur ne diminuera pas en temps de paix, si, comme tout le fait prévoir, la circulation automobile se développe rapidement, parallèlement avec l’installation de nombreux petits moteurs privés.

Les avantages qui font préférer le pétrole, l’essence ou l’huile lourde au charbon (notamment quand il y a déplacement du moteur, et tout particulièrement dans la marine), sont de plusieurs genres : grande économie de calorique, réduisant du même coup le poids mort à emporter par un navire ou un véhicule et accroissant son rayon d’action ; facilités de mise en marche et d’arrêt ; forte diminution du personnel ; subdivision aisée de l’énergie ; chargement rapide et pratique sur les bateaux ; suppression presque complète des fumées, etc. L’essence a fait immédiatement son chemin avec l’automobilisme qu’elle a rendu possible. Après des tâtonnements qui ont duré jusqu’en 1910, les qualités de l’huile lourde ont également paru assez déterminantes pour que, dans les