Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

électriques, alimentées, non pas seulement par de la houille blanche comme nous allons le voir bientôt, mais aussi par du charbon pris à sa sortie de la mine et consumé notamment dans des gazogènes, avec récupération des sous-produits. Je me suis déjà trouvé en dire un mot. Quelle que soit l’origine de la force, sa production par une usine centrale qui la transmettra ensuite électriquement, a pour but de créer, et de répartir cette énergie à des consommateurs épars, souvent très éloignés, avec la souplesse que permet l’établissement de fils électriques. ; Quand on utilise la houille, la centrale offre le triple avantage de transporter le courant impondérable au lieu du charbon pesant, destiné à produire l’électricité, de brûler ce charbon en grand, dans des conditions d’économie industrielle que ne pourraient atteindre, à beaucoup près, les consommateurs isolés et enfin de permettre une utilisation beaucoup plus continue qu’avec des moteurs particuliers. On retrouve là cette tendance à la centralisation et à la spécialisation qui domine toute l’industrie moderne.

Une étude faite dans un de nos districts du Nord a montré qu’à dix ans d’intervalle, la consommation de charbon par « cheval-heure avait passé de 3 kilogrammes à 0,7 kilogramme par l’établissement d’une centrale électrique. La proportion est exceptionnelle ; mais l’économie dans ces conditions est générale. On peut également citer, à ce propos, les résultats d’une enquête faite en 1917 par le ministère de reconstruction anglais. On a constaté alors que la Grande-Bretagne consomme 189 millions de tonnes de houille pour une puissance motrice disponible de 10 millions de chevaux, dont à peine le cinquième apparaît utilisé quand on calcule les durées de marche. Or, un quart seulement de ce total est fourni par les dynamos réceptrices des stations centrales, et le reste provient de moteurs indépendants. On a donc proposé de diviser le pays en seize régions, desservies chacune par un réseau à voltage déterminé et à courant de nature fixe, avec centrales près des mines. L’Allemagne paraît disposée à s’inspirer largement des mêmes idées : création de puissantes centrales régionales utilisables pour l’industrie, les usages domestiques et l’agriculture ; suppression des usines à gaz secondaires.

En France, nous aurons certainement à progresser dans ce sens, et cela d’autant plus que nous sommes plus pauvres en