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dans l’utilisation mécanique de cette vapeur et, là, il n’y a pas seulement mécanisme imparfait, mais, ce qui est plus grave, limitation théorique de la chute thermique par les températures données au système chauffeur et au système réfrigérant qui réduisent aussitôt le rendement théorique au quart (principe de Carnot). Le cheval-heure devrait correspondre à 635 calories, soit à peu près à 1 kilogramme de vapeur ; il en consomme de 5 à 10 kilogrammes en marche industrielle.

Pour remédier à ce défaut dans la mesure où la théorie le permettait, on s’est ingénié, pendant un siècle, à améliorer les chaudières et les machines, à accroître la hauteur de chute thermique, à récupérer sous toutes les formes la chaleur du charbon et la force élastique de la vapeur, à éviter les échauffements, inutiles et les frottements, à combattre par des chemises de vapeur et des surchauffeurs les refroidissements des parois, par suite desquels la vapeur se condense pour se vaporiser ensuite de nouveau pendant l’échappement sans produire le moindre travail, etc., etc. On a réalisé, dans cet ordre d’idées, des merveilles et l’on confine à la perfection mécanique. Mais nous apercevons aujourd’hui un moyen plus radical, qui consiste à supprimer l’intermédiaire de la vapeur avec les limites qu’elle impose et à remplacer, en grande partie, le combustible solide par les combustibles liquides et gazeux que la distillation permet d’en extraire, tout en récupérant une série de sous-produits utilisables avec grand profit. L’idée consiste à transformer la houille, dans la mesure où elle s’y prête, en trois combustibles indépendants : le coke, le gaz et l’huile de goudron ; le coke allant à la métallurgie, le gaz étant brûlé dans des moteurs à gaz et l’huile lourde servant dans des moteurs du type Diesel. Si le principe n’a pas encore fait une fortune plus générale, c’est qu’il exige tout un agencement d’installations compliqué et coûteux avec un combustible très cher et que les moteurs correspondants sont eux-mêmes d’un prix élevé et d’un maniement délicat ; on rencontre là une application entre bien d’autres de la notion développée en commençant que le mode d’emploi d’une force naturelle est, avant tout, une question financière. Autre chose est d’examiner, comme nous le faisons ici, dans quel sens l’intérêt du pays conseille d’intervenir ; autre chose de décider, quand on est industriel, si l’on prendra du pétrole ou de la houille, un moteur Diesel ou une turbine. Mais l’idée