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dans des conditions géographiques inusitées, ou encore de mettre à profit des forces déjà captées en se servant d’artifices jusqu’alors inapplicables. C’est bien le point de vue où nous nous sommes placé dès le début de ces études jeu envisageant l’intervention de la science dans l’organisation industrielle.

On peut se faire une idée de ce qui va se produire en pensant à ce qui a lieu constamment pour les minerais. Un minerai d’or, au-dessous d’une certaine teneur, est absolument sans valeur à une époque donnée, parce que l’extraction de l’or contenu coûterait plus cher qu’elle ne rapporterait. Mais chaque progrès de la chimie permet d’exploiter une tranche nouvelle de minerais, considérés jusqu’alors comme des cailloux. Ainsi, tour à tour, l’amalgamation, la chloruration, la cyanuration ont amené la résurrection périodique de vieilles mines alternativement prospères, puis abandonnées par épuisement.

Sans insister davantage, nous allons maintenant reprendre les principales formes d’énergie naturelle, en examinant, pour chacune d’elles, quelles vont être nos ressources d’après-guerre et par quels moyens ces ressources pourraient être améliorées. Rappelons toutefois, auparavant, la proportion actuelle de leur emploi relatif pour éviter des erreurs d’optique que pourrait entraîner notre insistance à mettre en évidence des procédés intéressants par leur nouveauté ou leur avenir probable, mais dont l’usage reste encore tout à fait restreint. Sur les 10 millions de chevaux, auxquels on estime la puissance motrice de tous les moteurs en Grande-Bretagne, 91 pour 100 sont fournis par des moteurs à vapeur ; 6,5 par des moteurs à explosion ; 1,7 par des forces hydrauliques et 0,8 par tous les autres systèmes. Ces chiffres, dont la France nous offrirait à peu près l’équivalent, accusent assez la très grande supériorité que conservent et que garderont encore longtemps les machines à vapeur ; mais cette supériorité n’a plus les allures d’un monopole et, si on établissait une comparaison avec des statistiques plus anciennes d’une vingtaine d’années, on verrait s’accuser progressivement une tendance à diversifier les moyens de production de la force motrice, en choisissant tel ou tel système suivant les circonstances et les besoins.

Ainsi, le moteur à vapeur reste préféré toutes les fois que l’on doit utiliser en même temps de la vapeur pour le chauffage ou la fabrication. Il garde en outre ses avantages de permettre