Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celles des bœufs, des chevaux ou des captifs, plus fortes même que les petits moulins prêtant leurs palettes de bois à l’eau courante ou leurs ailes de toile au vent. Ces forces, il en connaissait auparavant quelques-unes, mais uniquement pour trembler devant leur fureur ; les autres, qui dormaient cachées dans leurs retraites minérales, il n’en soupçonnait même pas l’existence. Aujourd’hui, il les aborde l’une après l’autre, il les scrute, les combine et les plie sous le joug.

C’est ainsi que les grandes étapes industrielles du XIXe siècle ont été marquées : la première par l’emploi de la vapeur ; la seconde par l’utilisation de l’électricité ; la troisième, qui commence à peine, par une application beaucoup plus délicate et plus variée de la physico-chimie : violences explosives des gaz, actions catalytiques, énergies radioactives, etc. Dans quelle direction cette évolution a-t-elle chance de se poursuivre après la guerre, par l’impulsion de progrès scientifiques incessants, sous la pression de besoins accrus, et jusqu’à quel point la transformation de nos sociétés modernes, produite par la disette de charbon ou de pétrole, par le fret plus coûteux, par la main-d’œuvre raréfiée, par la vie plus chère, peut-elle faciliter telle ou telle application nouvelle : c’est ce que nous nous proposons de chercher en terminant ici cette série d’études. Tel est le sens dans lequel nous allons examiner et classer les forces naturelles autres que les manifestations vitales, employées jusqu’ici, en les dégageant autant que possible de leur apparence extérieure pour remonter à leur principe et en étudiant les artifices mécaniques, physiques ou chimiques, au moyen desquels on réussit à en tirer une aide pour notre labeur.

Envisagées ainsi dans leur origine première, ces forces naturelles, utilisables à notre profit, peuvent, je crois, se ramener à quatre groupes seulement : l’activité solaire, l’attraction universelle, la chaleur interne et la rotation terrestre. Les deux premières nous rattachent par un lien de solidarité présente à l’ensemble de l’univers ; les dernières, tout en ayant une origine cosmique analogue, sont propres à notre planète. Pour les utiliser, il faut les reconnaître, les capter, les amener à une forme avantageuse et les transporter au lieu de leur emploi.

Dans l’application, on remarquera qu’une grande partie de