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d’approvisionner en rechanges et en accessoires les ateliers des sections. Leurs camionnettes de livraison, également porteuses du « courrier, » continuaient donc, chaque jour, comme pendant les périodes les plus calmes, leurs tournées dans les cantonnements des formations automobiles et leur distribuaient, sur commande, les pièces de toutes sortes qu’eux-mêmes recevaient régulièrement du Magasin central automobile de Paris. De plus, enfin, c’est le parc de Bar qui devait nourrir tout le personnel de la Régulatrice, ces jalonneurs, ces agents de liaison, ces plantons, dispersés d’un bout à l’autre de la route : faut-il dire que tous ceux-là, comme leurs camarades, — et il n’en pouvait être autrement, — ignorèrent, pendant longtemps, ce que c’était qu’une soupe chaude !


LA VIE DES HOMMES

Et pourtant il n’y eut pas de troisième crise !

La troisième crise, ç’aurait été celle des hommes : il n’y en eut pas. Là où la route, là où le matériel avaient donné mille craintes, les hommes n’en donnèrent aucune, tellement, dès qu’ils eurent commencé et compris leur lâche, on les sentait décidés à tenir envers et contre tout ! Beaucoup cependant étaient de vieux territoriaux, plus ou moins robustes : mais les intempéries souvent, la fatigue toujours, le danger parfois, loin « le les abattre, paraissaient les stimuler.

Le 22 février, un des généraux commandant devant Verdun avait dit au Service automobile :

— Il faut que vous teniez quinze jours, jour et nuit !

un médecin d’un groupe, présent, répondait :

— Mon général, les voitures le pourront peut-être ; les hommes, je ne le crois pas.

Or, ce sont les hommes qui ont résisté le mieux, non pas pendant quinze jours, mais pendant plusieurs mois !

Quelques jours après le déclenchement de la bataille, dès que l’on comprit quelle importance elle était en train de prendre, le lieutenant-colonel Payot, sous-chef d’état-major à la direction de l’arrière, et le commandant Girard, directeur des Services automobiles, vinrent dans la région de Verdun, pour se rendre compte des difficultés, et rechercher les améliorations possibles dans les diverses organisations. Le directeur des