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Saint-Amand ou à Sermaizo ; ou au parc de Troyes, ou au parc de Charmes. Les voitures complètement démolies, — environ 3 pour 400 par mois, — étaient immédiatement évacuées sur l’arrière.

C’était la section de parc n° 9 de Bar-le-Duc qui avait la principale tâche au point de vue du dépannage. Elle disposait, pour cela, d’une trentaine de camions puissants, dotés, chacun, de deux équipes de dépanneurs. Camions emboutis, camions culbutés dans les fossés, camions tamponnés par le Meusien aux passages à niveau, camions démolis par des éclats d’obus, il fallait aller les chercher souvent assez loin ! Les hommes qui partaient pour ces missions restaient parfois plusieurs jours dehors, et devaient, eux aussi, opérer la nuit, sur les routes bombardées. Le registre où ont été inscrits, chaque jour, les résultats de leurs travaux, est suggestif à ce point de vue. On y voit figurer fréquemment les noms de Glorieux, Jardin-Fontaine, Regret, Sivry-la-Perche, Baleycourt, caserne Marceau, fort de Sartelles, Fromeréville, Bois-Bourrus, Faubourg Pavé, Bellevue, Bras, etc. Combien de mentions comme celles-ci : « Compte rendu : impossible de parvenir jusqu’à ce véhicule, » « Compte rendu : région trop violemment bombardée, attendre, » « Zone interdite, attendre les ordres. » « Attendre, bombardement trop intense ! » — Parfois il fallait revenir les mains vides : le temps d’arriver jusqu’au véhicule avarié, celui-ci avait été anéanti, carbonisé, ou réduit en miettes par quelque marmite mieux placée. Un jour, deux voitures sont signalées en panne à Fleury-devant-Douaumont : deux camions dépanneurs partent à leur secours : à peine les ouvriers ont-ils commencé leur travail qu’arrive une rafale de mitraille. Les dépanneurs ne quittent la place que sur un ordre écrit, donné, d’un abri voisin, par un officier, d’infanterie : ils s’en vont et voient, navrés, les quatre véhicules consumés par les flammes ! — Une autre fois, c’est dans une rue de Verdun qu’une voiture de tourisme éclate, sous les yeux de ceux qui arrivaient pour la secourir !

Les mains vides… non : ils ne revinrent jamais les mains vides ; ils avaient toujours ramassé, en cours de route, quelque autre voiture blessée, et ils la ramenaient à l’ambulance pour que le voyage ne fût pas inutile !

En plus des réparations, les parcs avaient la charge