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Bois-Bourrus, etc. — Et il y avait, par-là encore, des passages où il fallait « faire vite ! »

En principe, pour tous ces voyages, il était interdit de traverser Verdun. Mais, en fait, beaucoup de camions y passaient, pour gagner du temps[1]. Or, quiconque a vu ce qui reste de la ville peut imaginer qu’on n’était guère sûr, en y entrant, d’en pouvoir sortir !… Qu’importe ! il ne s’agissait pas de cela : il n’y avait qu’un but, exécuter l’ordre, remplir la mission. En onze mois il n’y a pas eu, à ce point de vue, un seul exemple de défaillance !

Enfin les voitures sanitaires allaient et venaient, au milieu de tout cet enchevêtrement, et desservaient les postes de secours. Voyageant toujours isolées, elles allaient chercher les blessés jusqu’à Esnes (poste replié bien lot sur Monlzéville), à la cote 272, à Marre, à Bras, à la carrière de Belleville ou encore sur certains points désignés au bord de la Meuse, pour les blessés qui avaient été amenés par eau. Il y avait souvent de grosses difficultés pour atteindre certains de ces postes : du côté de Charny, par exemple. On se lançait quand même ! — Saluons respectueusement la mémoire de ceux qui sont tombés là ! Et saluons aussi, — cet hommage se place ici de lui-même, — les sections sanitaires anglaises et américaines, qui étaient venues alors, volontairement, se ranger auprès des nôtres : leurs conducteurs se dévouèrent sans compter aux côtés et au profit de leurs camarades français. — Devons-nous les oublier jamais, ces sections américaines, qui avaient réclamé, comme toujours, le poste le plus rude, et qui avaient adopté cette simple et magnifique devise :

Mon corps à la Terre !
Mon âme à Dieu !
Mon cœur à la France !


LA VIE DE LA ROUTE

Cependant, il y eut une première crise : la route tiendra-t-elle ?

Tant que dura la gelée, le sol resta dur et sec et il n’y eut pas trop de dégâts. On avait réparti, le long du chemin, un millier

  1. Sur les petites routes, il circulait, naturellement, des convois à chevaux et particulièrement toute l’artillerie.