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l’écroulement des bois de charpente, constituant l’échafaudage de réparation de cette même tour.

Là, tous les visiteurs de la basilique venaient admirer le Sourire de Reims, dans cette adorable figure d’Ange ailé qui fut décapitée au premier jour de l’incendie. Il nous accueillait, autrefois, au seuil même de l’édifice, avec cette expression de joie élégante et malicieuse qui caractérise un visage français, disant la bienvenue à un ami de tous les jours, venant prier dans la basilique.

Hélas ! le Sourire de Reims n’est plus qu’un souvenir. Ce qu’il en reste, parmi les débris de pierre recollés, rappelle trop nos grands blessés du Val-de-Grâce pour qu’il soit possible de l’évoquer encore, malgré les documents photographiques qui l’ont vulgarisé. Une remarque assez étrange peut être faite, ici, en constatant, sur des photographies, l’analogie sensible, quoique lointaine en raison des styles et des procédés différents, entre le sentiment expressif de ce Gaucher de Reims, du début du XIIIe siècle, et celui du plus grand des gauchers, Léonard de Vinci, dans la recherche du sourire. L’Eve de Reims et l’Ève de Bamberg ont aussi des analogies avec le dessin préparatoire de la Joconde du musée de Chantilly ; il y a là une indication physiologique intéressante, lorsqu’on étudiera le style des artistes, par rapport avec l’état physique de leurs yeux ou de leurs mains, comme instruments d’étude et d’exécution.

A côté du fameux Sourire, les statues de Saint Rémi, de Saint Thierry, de Sainte Clotilde, sont à peu près anéanties. Le groupe de Saint Nicaise et des Deux Anges, dont l’un est déjà cité, a subi de très graves dommages par l’écaillement des draperies sous l’action du feu, de même que toutes les autres statues des deux ébrasements de ce porche. Les figurines des voussures s’écailleront et tomberont peu à peu, car la pierre est cuite superficiellement dans toutes les parties précieuses de la sculpture.

Plus loin, c’est la Reine de Saba, décapitée comme l’Ange au sourire, mais moins totalement détruite que celui-ci, avec les deux statues voisines de l’éperon entre les porches.

Au portail central, la grande Vierge, du meneau divisant la porte, est fortement endommagée et le groupe de la Présentation au Temple a reçu de nombreuses blessures.

Les gables, si merveilleusement ajourés, — cette dentelle