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faubourgs sont descendus. Des cortèges se forment, se disloquent, se reforment, marchent, courent, s’arrêtent, repartent, au milieu d’incroyables remous. Éclats de rire, cris prolongés, sifflets stridents. De lourds camions passent chargés d’hommes et de femmes, de civils et de soldats khaki et bleu horizon. Sur tous les points, des scènes pittoresques et rapides se déroulent. Un yank saute sur un fiacre, se coiffe du chapeau de toile cirée du vieux cocher, lui enfonce son feutre sur la tête, lui serre fortement les deux mains, aux applaudissements des spectateurs. Un auto passe dans lequel un général de division ; on sort le général de l’auto, et on le porte en triomphe, etc. etc.

MADAME FOLLE.

Vive l’armistice ! Vive la paix ! Vive la France ! Vive la République ! Vivent les Alliés ! Vive Foch ! Vive Clemenceau ! Allons, enfants de la Patrie !… Quand Madelon vient nous servir à boire… Aux armes, citoyens !… Fallait pas qu’ils y aillent !

LA POÉSIE LYRIQUE.

Quel spectacle ! C’est extraordinaire, inouï, prodigieux, incroyable, fantastique. On n’a qu’une demi-douzaine de mots bien pauvres pour exprimer la richesse de ses sensations, pour traduire son admiration et son émotion devant une page d’histoire où tout un peuple est à la page. Il faudrait Michelet, Victor Hugo et Béranger, pour enregistrer les battements de ce cœur unique et innombrable. C’est charmant et magnifique, gentil et grandiose ; c’est formidable et cela reste élégant. Quel ordre dans cette improvisation, quelle mesure dans cette exaltation, quelle sagesse dans ce délire ! Ne vous l’avais-je pas dit que Mme Foule serait très bien ?

LA MUSIQUE.

Dans ces premiers moments, un peuple ne peut pas mêler la tristesse et la joie ; la joie est la plus forte. Il célèbre aujourd’hui la fête de la vie. On ne se tue plus !

LA POÉSIE LYRIQUE.

Et c’est la fête de la jeunesse ; c’est surtout la jeunesse qui rit, qui crie et qui chante. Chacun de ces jeunes gens pourrait