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Prenez garde. Vous serez encore en danger de mort entre quarante-cinq et cinquante ans. »

La prédiction de John Pradier se réalisa avec une exactitude presque mathématique, puisque François-Victor Hugo mourut le 26 décembre 1873, à l’âge de quarante-cinq ans ! Cette coïncidence ne dut pas échapper à Victor Hugo, dont on verra grandir et s’exprimer la croyance aux mystères de l’au-delà.

19 octobre. — Henriette (sa vieille bonne) est arrivée ce matin de Guernesey. Elle nous raconte ce qui s’est passé à mon sujet. Il paraît qu’on a voulu brûler ma maison, vu que c’est moi qui ai brûlé Paris et tué l’archevêque (assassinat de Mgr Darboy par la Commune). Pendant que les curés catholiques disaient cela dans le Luxembourg, les curés protestants le disaient en Angleterre.

20. — La veuve Leroy m’écrit. Elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée. Elle voudrait subir sa peine en compagnie d’Urbain, condamné aussi, qu’elle devait épouser. Je lui réponds pour leur conseiller de se marier. Il sera difficile ensuite de leur refuser de faire leur peine ensemble. Puis viendra l’amnistie.


L’HORLOGE DE THUIN

Madame Emile de Girardin était venue passer dix jours à Jersey en septembre 1853. Elle y avait introduit l’usage des tables tournantes et parlantes. Victor Hugo fut le dernier à céder. Mais, dès qu’ils le tinrent, les esprits ne le lâchèrent plus et exercèrent sur lui une influence dont plusieurs pièces des Contemplations portent la trace. « Ivre d’ombre et d’immensité, » il crut à ces « esprits mystérieux » qui, échappés du royaume des