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CLOUSAVATE.


Est-ce nuire à Victor Hugo que de publier ces délassements de son esprit ? Mon admiration se refuse à le croire. Il dessinait bien, et il écrivait la Légende des Siècles. Il est rare, sinon unique, de cumuler de tels dons. Non licet omnibus


III. — AOUT 1861

Acheté à Harlem le 5 août 1861 au cours d’un de ces voyages annuels que Victor Hugo faisait avec son amie Juliette Drouet, le troisième carnet est contemporain de la composition d’une partie des Misérables. Ce vaste roman obsédait alors l’esprit de l’écrivain, qui était occupé principalement au chapitre de Patron Minette. De nombreux fragments, difficiles à déchiffrer, mais non illisibles, présentent par rapport au texte définitif des variantes dont l’intérêt est trop disproportionné à l’immensité de l’œuvre pour que je songe à les recueillir. Je me bornerai à glaner au cours des pages, et dans leur suite même, sans essayer d’un ordre méthodique, quelques épis nourris de substance et non encore moissonnés.

Voici, tout d’abord, perdu au milieu d’une liste d’emplettes et de commissions, un vers pittoresque :

les mouches réjouissent
Avril, tout fanfaron de leur bourdonnement.

À Harlem, le poète dessine une tour ornée d’une horloge. Le 7 août, il est à Saardam, où son crayon trouve à s’employer : la chaire du czar Pierre, les armes de la ville, une enseigne de 1676 aux trois marteaux couronnés, sont enlevés