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II. — JUIN-NOVEMBRE 1857

Ce nouveau carnet, de petit format et recouvert de toile bleue, ne présente pas, au point de vue littéraire, l’intérêt du précédent. Victor Hugo l’acheta le 13 juin 1857. Il l’a rempli en entier, mais il est moins riche de vers que de dessins.

Ses deux premières pages, criblées de notes illisibles, renferment l’énumération, datée jour par jour, du nombre de bains de mer pris par Victor Hugo, qui fut, du 5 juin au 9 novembre, de cent vingt-six. Cette constatation montre à la fois la robustesse physique du poète et le soin méthodique qu’il mettait à tout noter aussi bien dans l’ordre matériel que dans l’ordre intellectuel.

D’assez nombreuses pages, tracées au crayon et devenues illisibles, furent écrites en voiture pendant que Victor Hugo se livrait, avec Juliette Drouet, à la chasse aux vieux coffres. C’était une de ses passions favorites. Le grand-père paternel du poète était menuisier à Nancy. Peut-être cette profession explique-t-elle le goût que le petit-fils avait pour les meubles. Non content d’en rechercher et d’en acheter, il en fabriquait. Le musée de la place des Vosges montre à quel point son audacieuse originalité excelle dans cet art et dans celui, qui en est si voisin, de la décoration. A Guernesey, il s’y livra avec continuité. Le carnet de 1857 abonde en croquis et en plans de meubles.

La prose, écrite à la plume, qu’il renferme, n’est pas moins illisible que les parties crayonnées. Seuls quelques vers subsistent, dont je sauverai les plus curieux.