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ALFRED SISLEY


Vous nous vîntes comme Whistler,
Sisley, des bords où la Tamise,
A travers Londres qu’elle irise,
Écoule son flot dans la mer.

Sur le Loing, la Marne et la Seine
Votre vif regard a noté
Les charmes tendres de l’été
Que le printemps guide et ramène ;

Nos graves automnes si beaux,
Nos hivers que le gel aigrette
Ont coloré notre palette
Pour la verve de vos pinceaux.

Vous nous avez, fils des rivages
Fraternels où vous êtes né,
Rendu ce que vous ont donné
Les plus français des paysages.


CAMILLE PISSARRO


L’instant, l’heure, le jour, le mois et la saison,
La lumière éclairant la colline ou la plaine,
Les femmes qui s’en vont puiser à la fontaine,
Le verger, la fumée au toit de la maison,

L’arbre puissant et la forêt à l’horizon,
Le troupeau qui s’assemble et que le pâtre mène,
Les rustiques travaux qui font la grange pleine,
Semailles et labour, cueillette et fenaison…

Tout cela qui revit à jamais, ô vieux maître,
Dans ton œuvre rurale, idyllique et champêtre,
Sous son multiple aspect éternel et changeant,

Occupa ta pensée et fit de toi ce sage
Majestueux et grave à la barbe d’argent,
Camille Pissarro, peintre de paysages.