Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/569

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Théâtre-Français, je ferais de même. Mais voilà ! Je veux jouer la Reine Juana, le rôle me plaît. Je jouerais aussi de la tragédie parce que cela me tente, et que je ne peux la jouer qu’ici. Et puis, je voudrais savoir comment le public m’accueillerait à la Comédie. Mais cela pour un an. Trois ans, c’est trop.

— Je vous offrirais les conditions de Coquelin qui étaient celles du plus payé des sociétaires pendant les plus belles années.

— Oh ! c’est impossible ! 40 000 francs, par an ! Alors, il me faudrait six mois de congé. 40 000 francs ! Je ne peux pas. Et puis une femme au théâtre vaut toujours plus qu’un homme.

— Moi, je voudrais, à l’aide de la Reine Juana qui tente Sarah Bernhardt, ramener Sarah Bernhardt à la Comédie ; mais je ne peux pas faire que cette rentrée soit un passage. Cela n’a pas réussi avec Coquelin.

— Je regrette bien que nous ne nous entendions pas. Mais, soyez gentil, alors, rendez-moi la pièce de Parodi. Ce pauvre Parodi ! Il a 500 000 francs à gagner avec moi !

— Et, si je n’ai pas la pièce de Dumas ?

— Je saurai si vous l’avez. J’irai le voir. Je crois qu’il est trop ennuyé pour travailler.

— Pardon. Il ne faut pas qu’une visite de vous ressemble à une mise en demeure et l’empêche de me donner ce que j’attends.

— Oh ! non ! soyez sans crainte, je saurai lui parler Et si vous n’avez pas Dumas, vous aurez Pailleron. Vous aurez le Fils de l’Arétin.

— Enfin, supposez que je n’aie pas la pièce de Dumas. Je saurai cela en septembre. Jusque-là, je suis engagé envers lui. Alors nous pourrions voir.

— Je ne suis pas un en-cas.

— Je ne vous traite pas en en-cas. Un trésor qu’on a mis de côté, n’est pas un en-cas.


— Oui, mais il faut que je sache où je vais. J’ai une troupe que je traîne avec moi !

— Constituée ?

— Oui. Il y a la compagnie. Trente personnes. Je vais aller en Scandinavie. Je rentrerai en octobre. J’irai en Europe, peut-être. En Amérique, Je ne retournerai que dans trois ans. Je jouerai peut-être l’année prochaine une Salammbô que l’on écrit pour moi. Mais c’est connu, et puis j’ai à peu près porté