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militaires des Puissances centrales… Et surtout dans le pays même, ce haut fait militaire dissipe tout le pessimisme, tout le découragement qu’on avait fait naître artificiellement au sein du peuple allemand… Riga retrempe les nerfs du peuple. (Saarbrüker Zeitung. 7 septembre 1917.)


Il faut croire, cependant, que le pessimisme est tenace et que les nerfs du peuple ne sont pas encore très solides, car, dans son discours de Riga, l’Empereur croit nécessaire de reprendre l’éternel argument : « De tels coups augmentent les chances d’une paix prochaine… »

Alors se crée une nouvelle ligue, « le Parti de la Patrie allemande, » sous la présidence d’honneur du duc Albert de Mecklembourg et sous la présidence de Tirpitz. Son objet est de poursuivre par la parole l’œuvre entreprise par la presse, de combattre les partisans d’une « paix d’entente » et d’unir les cœurs dans la volonté de vaincre. Elle déclare se tenir en dehors des querelles politiques ; en réalité, elle travaille au profit du parti militaire, elle ne fait que « sucrer la potion préparée par les pangermanistes et changer l’étiquette. » Elle organise une campagne de conférences dans tout l’Empire. Le gouvernement marche à sa remorque. Les instituteurs lui racolent des adhérents. Hindenburg, Ludendorff et le kronprinz envoient des télégrammes de félicitations aux promoteurs de chaque réunion. Avec de pareils appuis, la propagande du « Parti de la Patrie allemande » devait fortement agir sur l’opinion. Les circonstances viennent encore la favoriser.

Dans sa réponse à la note du Pape, le président Wilson a voulu créer un antagonisme entre le peuple et son gouvernement. Cette tentative soulève dans toute l’Allemagne une véhémente indignation. La fierté nationale et le sentiment monarchiste se révoltent contre cette ingérence de l’étranger dans les affaires du pays. « L’effet qu’a produit sur le peuple allemand l’arrogance du président Wilson, se développe d’une façon toujours plus heureuse. Dans la grande masse, en particulier dans la population des campagnes, il se peut qu’on ait, au début, considéré cette invitation à renverser la dynastie des Hohenzollern pour installer à sa place un gouvernement démocratico-républicain comme une mauvaise plaisanterie qu’on accueille simplement par un sourire de dédain. Mais