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entre 40°5 et 41°6, tandis que dans la phase précédente elle restait voisine de 39°5 à 40°.

Tel est le tableau bactériologique des grandes complications grippales, lorsqu’elles se déroulent sans défense naturelle ou thérapeutique de l’organisme, et qui heureusement sont l’exception. Il peut arriver cependant que l’une fasse défaut, que l’on passe, par exemple, directement de la phase pfeifférienne à la phase streptococcique, et que le bacille de Pfeiffer ait préparé non le lit de la pneumonie mais celui de l’infection purulente. Il existe d’ailleurs d’une région à l’autre du pays des prédominances variables, et dont l’origine est mal expliquée, de l’une ou de l’autre de ces grandes complications. C’est ainsi que, par exemple, la plupart des cas mortels ont été causés dans la région marseillaise par les asphyxies bleues à pneumocoques et au contraire, dans le Dauphiné, par les pleurésies purulentes.

Tous ces faits, en dehors de leur grand intérêt scientifique, ouvrent à la thérapeutique des horizons nouveaux.

Ils permettent d’examiner avec quelque clarté le problème de la vaccinothérapie et de la sérothérapie de la grippe et de ses complications, sur lequel nous allons maintenant jeter un rapide coup d’œil.

Ils ont en outre nettement établi un fait encore incertain pour beaucoup de praticiens : c’est qu’on ne meurt jamais de la grippe, mais toujours de complications entraînant des lésions bien caractérisées. Les résultats des autopsies et des examens bactériologiques sont probants à cet égard. Les morts en apparence presque subites de personnes paraissant bien portantes et qui, à plusieurs reprises, ont paru si impressionnantes dans l’épidémie présente, rentrent, elles aussi, dans ce cadre : toujours l’autopsie, lorsqu’elle a été faite dans ces cas, a montré l’existence de lésions caractéristiques. La vérité, c’est que le sujet n’était bien portant qu’en apparence. Il avait subi, presque sans s’en apercevoir, et parce que son tempérament et son énergie le rendaient moins sensible à elle, une attaque préliminaire de grippe prémonitoire à ces lésions.

Puisque le virus grippal a été isolé, ne pourrait-on pas préparer par les procédés pastoriens classiques un sérum curatif antigrippal ? Oui assurément, mais il faudrait du temps pour mettre au point ce sérum : et puis, il ne serait guère utile, étant données la rapidité et la brièveté (quatre à cinq jours au plus) de l’attaque de grippe elle-même ; lorsque le traitement sérothérapique agirait, l’accès serait déjà terminé spontanément.