Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mort-Homme, sera habilement exploité. On laissera entendre qu’à la longue, les attaques méthodiquement conduites par les généraux allemands viendront à bout de Verdun : « Verdun est comme un gros clou dans le mur. On ne peut l’arracher rapidement d’un seul coup ; mais on l’ébranlé en le frappant de droite et de gauche. » (Frankfurter Zeitung, 30 avril.) La conquête de la cote 304 allumera une dernière Hambéc d’enthousiasme. Mais, malgré toute la peinte que se donneront les rédacteurs des communiqués pour dissimuler les résultats des contre-offensives françaises, l’échec des armées allemandes est durement ressenti par toute l’Allemagne. Ses chefs, — nous l’avons vu, — étaient parvenus à lui laisser ignorer les défaites de la Marne et de l’Yser ; pour pallier la défaite de Verdun, ils recourent à toutes sortes d’impostures et de subterfuges, mais ils ne peuvent cacher ni les vicissitudes de la bataille, ni surtout l’immensité des pertes.

L’échec était patent ; la désillusion fut cruelle. Bien entendu, la confiance du peuple dans le grand Etat-major n’en fut point diminuée ; mais le Kronprinz, qui était déjà impopulaire, le devint encore davantage. On le rendit responsable de la manœuvre manquée et du carnage.

Tandis que se déroulait la bataille de Verdun, les Russes avaient tenté, sur le front oriental, une vigoureuse offensive. Ils avaient été assez rapidement contenus. L’opinion s’en était d’ailleurs inquiétée beaucoup moins que des combats sur le front français. A l’Est, Hindenburg répondait de la sécurité de l’Empire, et tout le monde avait une foi aveugle dans le génie de Hindenburg.


LA GUERRE SOUS-MARINE, LES NOTES DU PRÉSIDENT WILSON ; LA POLITIQUE INTÉRIEURE

Au même moment, la question de la guerre sous-marine soulevait des discussions ardentes dans les milieux politiques. Tour le peuple, elle ne se posait pas. Tirpitz et son parti affirmaient que, grâce aux sous-marins, l’Angleterre allait être bientôt affamée et terrassée. Le peuple avait accepté cette promesse, les yeux fermés. Sa joie et sa haine contre l’Angleterre éclataient à chaque nouveau torpillage. Quand l’Amérique s’éleva contre cette méthode de guerre, il se mit à