Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette Bianca Giovanna Sforza, qu’il ne faut point confondre mais que l’on confond toujours avec sa cousine Bianca Maria Sforza, femme de l’empereur Maximilien, était donc la fille du More. Elle ne lui ressemblait pas quand, au contraire, Bianca Maria, qui n’était que sa nièce, lui ressemblait, — d’où nombre d’erreurs très favorables aux discussions. Elle était née en 1482, à Milan, d’une femme de peu, une certaine Bernardino de Coradis, méprisée par l’histoire.

Son père lui avait donné son nom, son château de Voghera, beaucoup d’argent et, disait Bellincioni, « son esprit. » Sa mère, n’ayant rien, ne lui avait rien donné que sa beauté. Peut-être aussi sa bonne grâce, car la petite Bianca était allegra e di bona voglia, dit un chroniqueur. Tout le monde l’aimait. Il y a, dans la suite des tapisseries qui drapaient le chœur de la cathédrale de Reims, tissées aux premiers jours du XVIe siècle, une petite figure coiffée et vêtue exactement comme une princesse de la cour de Ludovic le More. Elle paraît à tout moment dans les scènes de la Vie et de la Mort de la Vierge, sans raison apparente, sans autre prétexte que son aimable minois qu’on