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politique à laquelle elles s’étaient ralliées depuis longtemps, celle de l’étalon d’or.

Le relèvement des cours de l’argent constitue un phénomène passager, dont il était nécessaire d’analyser les causes pour en démontrer le caractère éphémère. Il n’est pas de nature à amener de changements durables dans la législation monétaire. Cette vérité a d’ailleurs été comprise de ceux-là même qui auraient pu arguer des événements actuels pour réclamer le retour au bimétallisme. Ni en Europe ni en Amérique nous n’avons vu se réveiller les luttes épiques de la fin du XIXe siècle, alors que les partisans de l’argent attribuaient à sa démonétisation la plupart des difficultés économiques avec lesquelles divers pays se trouvaient aux prises, alors que les agriculteurs, égarés par des sophismes dont ils ne pouvaient, faute de connaissances techniques, saisir l’inanité, croyaient devoir réclamer une réforme monétaire. Nous avons peine à comprendre, à une vingtaine d’années de distance, que deux campagnes présidentielles aux États-Unis se soient poursuivies sur cette question du bimétallisme, qu’elle ait rejeté dans l’ombre les autres sujets de dissensions politiques, qu’elle ait fait se dresser les États de l’Est contre ceux de l’Ouest, la Nouvelle Angleterre contre les jeunes communautés des Montagnes Rocheuses. Le président Wilson doit sourire à ce souvenir. Les champions les plus ardents du métal blanc ne demandent plus qu’il soit rétabli dans son antique dignité de monnaie libératoire. Ce seul fait doit suffire à nous dicter notre conduite : ne nous laissons pas détourner du but vers lequel nous tendions depuis de longues années ; asseoir définitivement notre régime monétaire sur le principe du monométallisme or, admis par toutes les grandes nations du monde.

Après avoir étudié les phénomènes qui se sont produits au cours de la guerre sur le marché de l’argent, il n’est pas moins intéressant d’examiner les effets de la crise mondiale sur l’autre métal précieux, qui semblait avoir définitivement détrôné son rival et dont les destinées paraissent en ce moment traverser une phase difficile. Les mêmes causes qui faisaient rechercher l’un semblaient devoir s’appliquer également à l’autre, tous deux subissant l’influence de la hausse générale qui, surtout depuis 1917, soulève le prix de toute chose vers des hauteurs inaccoutumées.