Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’évolution américaine se présente comme une suite de périodes qui, par leur contenu essentiel, se distinguent nettement les unes des autres, La première part des origines, et peut être considérée comme se prolongeant jusqu’en 1829, date de la première présidence du démocrate Andrew Jackson. Elle comprend deux phases : 1° des origines à la conquête de l’indépendance ; 2° de la conquête de l’indépendance à la constitution des États-Unis comme nation.

Le Président Wilson donne de l’Amérique une définition très remarquable. L’Amérique, dit-il, c’est la marche vers l’Ouest. De toute antiquité les hommes avaient cherché dans l’Est, chez des peuples riches d’une civilisation antique, des objets, des lumières et des directions pour le déploiement de leur activité, Christophe Colomb, en se tournant vers l’Ouest, parce que l’invasion turque avait fermé les portes de l’Orient, lança l’humanité vers l’inconnu. Il croyait, il est vrai, retrouver les Indes, mais il se trompait. Il trouva des pays vierges et des populations primitives. Il trouva la nature. L’attraction du mystère et de l’aventure, l’idée qu’en poussant toujours plus avant dans la direction occidentale on sera en position de se faire une vie toujours plus libre, large et heureuse : voilà l’Amérique. C’est l’homme, demandant de nouvelles ressources pour son existence, de nouvelles inspirations pour son esprit, non plus aux hommes, mais à la nature. C’est une nouvelle naissance, un nouveau point de départ, l’aurore d’une ère nouvelle pour l’humanité.

Cette vertu de l’Amérique ne se révéla que peu à peu.

Parmi les Européens qui vinrent explorer le Nouveau Monde, les seuls qui créèrent des établissements solides et qui progressèrent avec continuité furent les Anglais fixés le long de l’Atlantique. L’objet visé par ces hommes avait été, tout d’abord, de trouver, dans le Nouveau-Monde, la pleine liberté de pratiquer leur religion selon leur conscience. Ils ne se proposaient pas de créer un état de choses nouveau, mais de demeurer intégralement eux-mêmes.

Si, toutefois, leur mobile était essentiellement religieux, il entraînait, en fait, des conséquences d’ordre politique. Non seulement l’émigration de ces puritains signifiait qu’ils