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Des personnalités éminentes, à la tête desquelles il faut placer après le regretté professeur Landouzy, M. Léon Bourgeois, M. Brisac, le professeur Letulle, le professeur Léon Bernard, M. Küss, depuis longtemps spécialisées dans ces problèmes, se sont préoccupées de donner à tous ces moyens de lutte contre la tuberculose un développement nouveau, qu’imposent impérieusement les causes de recrudescence du fléau amenées par la guerre.

J’ai déjà parlé des raisons diverses (fatigues de la guerre et contagiosité des grandes agglomérations, afflux des populations vers les villes, cherté de la vie, retour et débilité des rapatriés) qui ont fait augmenter beaucoup depuis la guerre les ravages de la tuberculose. Ce sont elles qui donnent aujourd’hui, qui donneront demain une importance sans précédent à la lutte contre le fléau.

Les militaires tuberculeux ont été appelés justement les parents pauvres de la gloire. Ils ont été trop longtemps négligés ou ignorés par l’administration, qui les laissait d’abord séjourner, au-delà de toute mesure, parmi leurs camarades, et qui les renvoyait ensuite chez eux, sans autre forme de procès et sans aucun souci du mal qu’ils portaient en eux et qu’ils allaient répandre dans leur entourage.

Après beaucoup de luttes et de tâtonnements, on est enfin parvenu à mettre sur pied une organisation encore loin d’être parfaite, hélas ! mais qui a donné et donne des résultats extrêmement précieux. Cette organisation est née d’une entente entre le ministère de la Guerre et celui de l’Intérieur. Le Service de santé, submergé d’abord par la tâche nouvelle qui lui incombait relativement aux tuberculeux et à laquelle il n’était guère préparé, craignant de voir ses formations encombrées par les tuberculeux aux dépens des blessés, avait en effet appelé à la rescousse la direction de l’Assistance et de l’hygiène publiques, au ministère de l’Intérieur. Grâce à l’intelligente activité du directeur de cette administration, une collaboration précieuse ne tardait pas à s’établir.

Elle consiste essentiellement à faire passer, avant de les réformer, les militaires reconnus tuberculeux et destinés à être éliminés de l’armée, dans des établissements dits « Stations sanitaires » (j’emprunte ces détails à un intéressant rapport du professeur Léon Bernard). D’une part, on leur y donne, en plus des soins nécessaires, une éducation hygiénique destinée à les rendre moins dangereux une fois revenus dans leurs foyers ; d’autre part, on les met sous la tutelle bienveillante de l’administration, en vue de leur sort ultérieur dans la vie civile. Le fait de procéder à ce passage avant la réforme