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chronique récente sur les questions alimentaires, l’organisme ne peut assimiler quotidiennement plus d’une quantité assez limitée de substances protéiques. Le surplus est éliminé mais non sans produire fréquemment une sorte d’empoisonnement azoté de l’organisme, d’auto-intoxication, une sorte de diabète urique qui est, sans qu’ils s’en doutent, la cause des malaises d’un grand nombre d’oisifs gros mangeurs de viande.

« Ma cuisine, disait Dettweiller à propos de la tuberculose, c’est ma pharmacie. »

Tout ceci relève plutôt de l’hygiène individuelle ; mais nous allons voir maintenant que, par divers côtés, l’alimentation des tuberculeux relève hautement de l’hygiène sociale et de l’intervention de la collectivité.

Après de nombreuses discussions et des expériences contradictoires, il semble aujourd’hui démontré, notamment par les belles recherches du professeur Vallée d’Alfort, que la pénétration du bacille de Koch par le tube digestif est fréquemment l’origine de la tuberculose pulmonaire. Dans quelle proportion ? Les avis diffèrent encore là-dessus.

Quoi qu’il en soit, le devoir de la société est donc de surveiller à cet égard les denrées alimentaires. On a déjà fait dans cette voie des progrès relativement à l’inspection des viandes et du lait, notamment, mais ils sont bien insuffisants, surtout pour les raisons déjà indiquées. Le mieux est de traiter tous les aliments par la cuisson qui détruit les germes.

La guerre a donné une acuité singulière à un autre côté du problème de l’alimentation des tuberculeux et des prétuberculeux : c’est la cherté de la vie.

Trop de gens à l’heure actuelle, surtout parmi les petits employés, les fonctionnaires et les femmes travaillant à domicile, ont été obligés par la modicité de leurs ressources de réduire leur ration alimentaire à une valeur tout à fait insuffisante, et qui fait d’eux, suivant l’expression consacrée, des « candidats à la tuberculose. » Combien d’entre eux demain seront les victimes du fléau ; combien le sont déjà aujourd’hui ? On tremble à y penser. Et c’est pourquoi l’État se devrait dès aujourd’hui, suivant l’exemple si efficace de l’Angleterre, d’intervenir plus énergiquement qu’il ne fait dans la question des prix des denrées alimentaires de première nécessité. À leur renchérissement il y a des causes fatales, telles que la raréfaction de la main-d’œuvre et des moyens de transport ; il en est d’évitables, telles