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et s’était dirigé sur la Capelle en s’allongeant, à sa gauche, vers Hirson. Ainsi, on était sur l’Oise. Le 10e corps était tiraillé, si j’ose dire, entre deux ordres de services : d’une part, il avait à maintenir ses liaisons, à gauche, avec la 4e armée (armée de Langle de Cary) pour éviter qu’une rupture du front ne se produisît, de ce côté, vers Maubert-Fontaine ; d’autre part, il devait rester à son rang dans la 5e armée. Après des marches pénibles, le tout finit par se tasser et, le 28 au soir, le 10e corps occupait les emplacements assignés, à l’Est des plateaux du Marlois : la 20e division à gauche, à Rougeries-la-Vallée-aux-Bleds-le-Sourd, en liaison, à gauche, avec le 3e corps par Sains-Richaumont, la Indivision à droite à Voulpaix-Vervins-Fontaine-les-Vervins, en liaison avec la 51e division de réserve et la 4e division de cavalerie qui formaient flanc-garde.

Mais, avant d’en venir à la disposition particulière de l’extrême droite de la ligne de bataille, il faut signaler la sage précaution prise par le général Lanrezac.

A la bataille de Charleroi, un de ses corps n’avait pas donné : c’était le 1er corps. Ayant simplement refoulé l’armée von Hausen aux engagements d’Hastières, il avait défilé intact, les yeux dans les yeux de cette armée von Hausen qu’il avait contenue. Le 1er corps est commandé par le général Franchet d’Esperey ; la 1re division sous les ordres du général Gallet, puis du général de Fonclare, a pour brigadiers les généraux Marjoulet et Sauret : la 2e division, commandée par le général Deligny, a pour brigadiers le général Duplessis et le colonel Pétain qui, avec la 4e brigade, tient l’extrême droite et qui recevra les étoiles, au cours de la retraite, à Tavaux-Pontséricourt. Le 1er corps est une troupe d’élite admirablement commandée.

Le général Lanrezac a conçu le dessein de se servir de lui pour donner à sa manœuvre la solidité et l’allant de l’heure décisive. C’est pourquoi, au lieu de laisser ce corps à la place que celui-ci occupait à droite de l’armée, il le ramène vers le centre. La force principale du 1er corps, 1re division général Deligny, arrivée le 28 au soir, à Tavaux, après une longue marche, reçoit l’ordre de se porter, le lendemain, dès la première heure, entre le 3e et le 10e corps, en deuxième ligne, pour consolider la forme angulaire qu’a prise le front de bataille d’après les dispositions du général Lanrezac. La 2e division