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cipes fondamentaux. En France comme en Amérique, il a été établi que le dispensaire avec adjonction de nurses visiteuses, éducation à domicile, laboratoires de diagnostic, secours matériels, etc. sont les armes les meilleures pour combattre cette maladie. À côté des dispensaires à établir dans une région donnée de France, il faut naturellement qu’il existe assez d’établissements hospitaliers pour les cas de tuberculose avancés et sans espoir et des sanatoria pour les cas curables.

En Amérique, l’expérience, — « source unique de la vérité, » suivant un mot qu’on ne rappellera jamais trop, — a montré que l’éducation du public par tous les moyens est la condition indispensable de toute campagne efficace contre la tuberculose. Et c’est pourquoi, comme nous l’avons dit, un système détaillé d’éducation populaire y a été développé contre elle et contre les autres maladies évitables. Une autre face du problème qui avait attiré beaucoup plus l’attention en Amérique qu’en France, et qui a une grande importance, est le rôle des nurses visiteuses dans le traitement tant à domicile que dans les dispensaires.

Nos amis entendent n’agir qu’à titre privé, et, avec une charmante délicatesse, une pudeur qui les honore, — et qui nous honore aussi un peu, car on sent derrière elle de la gratitude pour le rôle de la France à l’aube de l’histoire américaine, — ils se défendent de vouloir, comme me disait l’un d’eux, nous « coloniser. » C’est pour cela qu’ils n’ont entrepris leur croisade antituberculeuse chez nous qu’après s’être mis d’accord dans les moindres détails avec nos administrations. Qu’ils nous permettent cependant ici une suggestion : qu’ils ne croient pas qu’ils choqueront les Français s’ils ne montrent pas trop de révérence pour nos paperasseries et nos lenteurs administratives et ne se laissent pas trop attarder par elles. La France n’est pas M. Lebureau ; je dirais presque : au contraire. Il nous suffit que les Américains sachent apprécier le cœur et la pensée de ce pays pour que nous ne leur demandions aucun agenouillement devant les guichets grillagés de certaines bureaucraties. Il nous suffit qu’ils sachent et se souviennent, — et ils le savent et y pensent avec une affectueuse gratitude, — que ce sont surtout des cerveaux français, Laënnec, Villemin, Pasteur, qui nous ont fait connaître la tuberculose, pour que nous admirions sans réserve et prenions en exemple leur capacité supérieure de réaliser, de faire, de mettre en mouvement.

Nous aimons leur effort, nous chérissons leur noble altruisme, et