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peut résister pour son propre compte. Les premières lignes faiblement garnies jouent le rôle de lignes de surveillance. Des abris profonds permettent aux défenseurs de surgir au moment de l’assaut. Ces abris, de plus en plus nombreux à mesure qu’on avance dans l’intérieur de la position, sont à l’épreuve des gros projectiles… Des dépôts de munitions et de matériel permettent de ne pas encourir les risques du ravitaillement en pleine action. Les réseaux de fils de fer placés entre chaque ligne, le plus souvent à contre-pente, couvrent des surfaces de 60 à 200 mètres de profondeur.

Derrière cette première position, à une distance telle que l’ennemi soit obligé de déplacer son artillerie pour les battre, d’autres positions offrent les mêmes obstacles.

La défensive doit être agressive. Le combat mené par les troupes de la défense se déroule dans la position où l’ennemi a pénétré, chaque unité luttant dans la portion de ligne qui lui est confiée pour sa reprise immédiate et pour donner aux troupes de contre-attaque le temps de se préparer. La barrière qui se dressait jusqu’à ce jour devant nous, comme une série de murs rigides, se faisait élastique, se déplaçait dans l’espace, reculait et revenait selon les péripéties du combat. La percée, loin de se résoudre par un choc brutal, se changeait en bataille, épuisant par avance la force combative de l’assaillant, absorbant toutes ses ressources.

Enfin, la contre-attaque de profondeur constitue l’atout principal du jeu allemand. Des troupes fraîches, massées, aussitôt après le bombardement, à 6 ou 10 kilomètres à l’arrière de la position menacée, ont mission de surprendre l’assaillant au moment précis où, arrivé à l’extrême limite de son avance, n’ayant pas eu le temps de s’organiser sur la position conquise, il offre une proie facile, et de le refouler jusqu’à son point de départ. La défensive en profondeur marque un grand moment dans l’histoire de la guerre.


L’ÉTÉ DE 1917. — LA CAMPAGNE DES FLANDRES — LA BATAILLE DE LA MALMAISON

L’offensive du 16 avril, les combats de mai sur le Chemin des Dames fournirent également à nos ennemis quelques enseignements nouveaux qu’ils mirent en pratique autant que