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dépend, par suite, tellement du traité de paix futur, qu’il est difficile de se prononcer actuellement.

Quoi qu’il arrive, il paraît cependant impossible que nous ne cherchions pas également à faciliter nos relations avec la Westphalie, qui sera toujours, pour nous, un vendeur de coke et un acheteur déminerai. Cela exige l’exécution et le développement des canaux nous reliant à la Moselle et à la Sarre, c’est-à-dire à Coblentz et au Rhin, comme le canal de la Chiers, le canal de l’Orne, la Moselle canalisée, pour lesquels il y a lieu de prévoir des stipulations diplomatiques, comme pour l’internationalisation effective de la navigation sur le Rhin.

Enfin, pour nos relations avec l’Alsace, on aurait avantage à améliorer le canal actuel du Rhône au Rhin suivant le cours du Doubs, qui, actuellement, a des passages infranchissables aux chalands de 100 tonnes. On pourrait ainsi créer, par la Saône, le Doubs, Belfort et Mulhouse, une communication de Marseille et Lyon avec la région Rhénane, qui présente des avantages sur le projet Lyon-Genève.

D’une façon générale, il est évident que l’accroissement des dimensions d’un canal augmente ses frais d’établissement, donc le péage à exiger, et se trouve, par suite, directement solidaire du trafic à attendre : trafic qui, à son tour, par un cercle vicieux inévitable, dépend des facilités assurées par ces dimensions. Aussi ne semble-t-il y avoir intérêt à transformer pour bateaux de 600 tonnes que les canaux où un trafic de plus de 2 000 000 de tonnes est assuré. Dans les autres cas, on peut réaliser plus simplement des économies très sensibles par un meilleur outillage et par la substitution de la traction mécanique au halage archaïque par chevaux.

Pour tout notre réseau futur, il semble logique que les frais de premier établissement soient, en proportion sensible, payés par les principaux intéressés. On ne comprend pas bien pourquoi les usagers des voies fluviales n’acquitteraient pas un péage comme ceux qui utilisent les chemins de fer.

Sans travaux considérables, on peut faire beaucoup en utilisant mieux ce que l’on possède par un outillage mécanique et par une réglementation faisant gagner du temps aux biefs et écluses. Il y aurait également lieu de soigner les raccordements avec les voies ferrées, bien que les Compagnies de chemins de fer considèrent souvent ces raccordements comme nuisibles.