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allemand par la droite (Voulpaix-la-Vallée-aux-Bleds-Féronval).

C’est la minute décisive. L’ennemi est à bout de souffle ; nulle part il n’a pu enlever la crête du quadrilatère ; ne disposant que de deux corps, le Xe corps, entre Jonqueuse et Colonfay, et la Garde, entre Guise et Etréaupont, sans cavalerie, sans réserves, déjà il est arrêté. Comment supporterait-il une puissante réaction soigneusement préparée et vigoureusement menée avec des troupes fraîches ?

A trois heures trente, l’offensive générale se développe depuis Mont-d’Origny jusqu’à Vervins, c’est-à-dire sur toute la ligne transversale du quadrilatère. Le général Hache à gauche, sur Mont-d’Origny-Jonqueuse, comme nous l’avons dit précédemment ; puis, mêlées en quelque sorte aux divisions du 10e corps, les divisions et les brigades du 1er  corps : près du général Hache, en liaison avec lui, la 4e brigade (général Pétain), marchant sur Bertaignemont et la Râperie, un peu en arrière toutefois ; au centre, la force principale du corps, la 1re  division, marchant d’abord sur la ferme la Bretagne et Le Hérie, et au-delà sur Clanlieu et Audigny ; à droite, la 3e brigade partant de Housset et marchant sur Chevennes et Le Sourd. L’artillerie des corps fait feu de toutes ses pièces sur les pentes où se sont arrêtées les troupes allemandes épuisées.

Le 10e corps est resté, presque partout, sur le front de bataille. Le 13e hussards a couvert la gauche du corps d’armée vers Le Hérie-la-Viéville jusqu’à l’arrivée du 1er  corps. Entre Housset et Chevennes se trouve la 40e brigade et une grande partie de la 39e brigade avec le 70e régiment ; de l’extrémité Est de Sains jusqu’à Voulpaix, la ligne reste formée par sept bataillons dont le bataillon Boniteau, qui n’a pas cédé un pouce de terrain depuis le début de la journée.

L’infanterie s’ébranle d’un seul mouvement, vers dix-sept heures, sur un front de 25 kilomètres. Le général Franchet d’Esperey est à l’Ouest de Le Hérie et il progresse avec la brigade Sauret. Les troupes françaises descendent d’un seul mouvement en demi-cercle, et convergent vers Guise par toutes les pentes du plateau. Elles balaient l’ennemi. Jonqueuse est repris ; Bertaignemont est repris ; Puisieux, Clanlieu, Colonfay sont repris ; Richaumont est repris ; l’ennemi est chassé de la crête, puis des pentes ; il est rejeté dans les fonds d’Oise.